Flamme olympique à Argenteuil : Claude Piard, symbole d'un engagement sportif et associatif

Claude Piard, didacticien, historien et figure engagée au sein de la Fédération Sportive et Culturelle de France, a eu le privilège de vivre un moment d’exception en portant la flamme olympique à Argenteuil, dans le Val d’Oise (05). Cet honneur, qui s’inscrit dans le cadre du relais de la flamme des Jeux de Paris 2024, récompense ses années d’engagement dans le monde fédéral et associatif.

Pouvez-vous nous raconter comment vous avez été choisi pour porter la flamme olympique ?

Comme tous les départements qui ont "versé leur cotisation" pour recevoir le passage du relais, le Val-d 'Oise a été invité à désigner 3 relayeurs pour la flamme olympique et trois autres pour la flamme paralympique. J'ai eu la surprise d'être averti qu'on m'avait retenu pour le premier parcours.


Qu'avez-vous ressenti en apprenant que vous alliez porter la flamme olympique ?

D'abord de l'étonnement. J'ai certes été fortement engagé dans les structures du sport départemental où j'ai représenté la fédération après Maurice Davesne : 2 mandats et demi de S.G. du CDOS, du CDFAS, la vice-présidence des médaillés J.S., la présidence du comité du Fair Play. Mais celà remonte à une dizaine d'années et je pensais être vraiment "has been" même si on a eu la gentillesse de me déclarer "honoraire" un peu partout. Il semble que le 95 n'oublie pas ses "vieux". Merci à la présidente de notre Conseil départemental qui fut une grande dirigeante sportive.

Peut-être que depuis la disparition de Guy Dupuis qui était la référence morale du département et de la FFDJA, mais aussi le père fondateur de notre judo fédéral, et dont je m'efforce de faire survivre les valeurs qui sont celles de notre fédération, certain(e)s m'en ont fait un peu son héritier. Lui aussi, on ne l'a pas oublié et son aura a largement survécu à sa période d'activité intense. Il a voulu que sur son cercueil soient déposés côte à côte les fanions de la FFDJA et de la FSCF. J'ai pensé à lui qui aurait été plus indiqué que moi s'il avait été encore là.

Pouvez-vous décrire l'émotion que vous avez ressentie en courant avec la flamme ?

Je ne pourrais répondre qu'après. Mais je penserai surement à ceux avec lesquels j'ai soutenu les balbutiements de notre UD 95 et de sa gymnastique (Paul Forty, Maurice Davesne, Jean-Bernard Perrier, Serge Baron, Jean-Claude Florentin ...) puis le sport départemental (mes collègues du CDOS et des médaillés). Et les garçons et les filles qui depuis 1960 ont assuré avec Roseline et moi la pérennité de la gym à la Saint-Georges.
 

Comment vos amis et votre famille ont-ils réagi en apprenant la nouvelle ?

Je n'ai pas fait de "battage" autour de la nouvelle. Mais comme cela a été annoncé très solennellement à l'occasion des voeux du Conseil départemental beaucoup d'amis sont venus me féliciter depuis. En famille, ce n'est pas un grand sujet de discussion mais on me demande parfois des précisions sur mon parcours pour y venir ou la promesse de vidéos pour les plus lointains qui ont appris la nouvelle.

Que représente pour vous le fait de porter la flamme olympique ?

D'abord, comme je l'ai dit plus haut l'émotion qu'on ait pu encore penser à moi pour représenter dans cette circonstance le sport départemental alors que des dirigeants actifs le "méritaient" au moins autant. Celà me laisse penser que les valeurs qui animaient Guy Dupuis et que je m'efforce de faire toujours vivre sont encore d'actualité. Au moins dans mon département ... et qu'on y compte toujours sur moi pour que cette flamme ne s'éteigne pas.

Avez-vous des anecdotes amusantes ou émouvantes à partager de votre expérience ?

Depuis que je connais précisément mon parcours, beaucoup de choses me sont revenues. Car je le démarre juste devant l'école où ma fille a passé ses cycles maternels et primaires puis je passe devant :

- la boulangerie qui était déjà celle de ma famille avant ma naissance et où j’ai « fait la queue », accroché aux jupes de ma mère à la fin de l’Occupation,

- le bar-tabac où je prends mon journal tous les matins, à 100 mètres de la salle de la Saint-Georges à laquelle j'appartiens depuis 1950 et qui fête en cette année olympique ses 140 ans d'existence, pour terminer en vue de la chapelle Saint-Jean, dernier vestige de la seconde abbaye d’Argenteuil, celle du X° siècle, celle d'Abélard et Héloïse, un de mes intérêts majeurs de notre histoire locale.

Mais c’est surtout de courir devant la Basilique où j'ai été baptisé en 1940 et où j'ai passé depuis 80 % de mes dimanches matin qui me bouscule. Car cela me renvoie au passage de l’Evangile qui a déterminé d’une part mon choix de vie alors que j’étais encore en seconde au lycée Chaptal, et d’autre part le fait que je vais porter cette flamme. Jean-Baptiste, qui n’a pas dû revoir son cousin depuis longtemps, apprend qu’un inconnu lui fait concurrence sur les rives du Jourdain et lui envoie un émissaire pour lui demande « Qui es-tu ? ». La réponse est étonnante :

« Je suis celui par qui les boiteux marchent, les sourds entendent, les aveugles voient, les lépreux sont purifiés …. Et (seulement en fin de course) par qui la bonne nouvelle est annoncée aux plus pauvres ».

Avant d’être « médecin des âmes » Jésus est celui des corps. Je me suis donc attaché à acquérir la plus grande compétence possible dans ce domaine puis à la partager. Et alors que l’Eglise de France qui semble avoir un peu oublié cette part du message depuis un demi-siècle, semble s’y réveiller avec la mission confiée à Mgr Gobillard par le pape François et la création d’une mission Eglise et Sport, je vais prier pendant ces 200 mètres pour que cette petite flamme ne s’éteigne pas dès le lendemain des J.O.

Que retenez-vous le plus de cette expérience ?

L’engouement et la mobilisation extraordinaire autour de l’évènement en centre-ville tout au long du parcours ; avec un parvis de la Basilique bondé. Roseline, mon petit-fils, mon frère, les amis du club n’ont même pas pu m’approcher pour un « selfie » avant la clôture du relais … sans le flambeau ! Du délire …