Jeux olympiques : quels sports pour qui ?

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Les Jeux olympiques se doivent plus que jamais d'épouser leur époque, en l'occurence les modes et l'évolution des appétences des spectateurs. Ceux de Paris 2024 n'échappent pas à la règle.

En 2010, mû par la volonté de prendre en considération les appétences de la nouvelle génération, le Comité international olympique (CIO) a pris un virage décisif en instaurant les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ). Lesquels sont devenus un laboratoire expérimental d’analyse des pratiques sportives (pré)-olympiques, explique Éric Monnin, Directeur du Centre d’études et de recherches olympiques universitaires (CERON) au sein de l’Université de Franche-Comté.

Cela a permis d’explorer des pratiques susceptibles de répondre à des attentes sociétales. D’autant que l’on était arrivé au bout d’un cycle. Il a fallu repenser l’intégralité du système olympique international afin d’intéresser un nouveau type de population, en l’occurrence la jeunesse. C’est ce qui prime aujourd’hui.

UN CONFLIT INTERGÉNÉRATIONNEL ENTRE LES PRATIQUES TRADITIONNELLES ET LES NOUVELLES

Résultat, on assiste à un conflit intergénérationnel entre deux types de pratiques : d’un côté celles traditionnelles, de l’autre celles nouvelles et urbaines. Les unes et les autres n’ont, bien sûr, pas le même public, sourit Éric Monnin. Ce qui explique que le programme des JO soit à la fois assez révolutionnaire et hétéroclite. Il est davantage conçu pour les jeunes que pour les personnes d’un certain âge, car il faut que le système touche un auditoire qui lui permette de durer. En clair, si le fait pour une discipline d’avoir été à l’affiche des JOJ s’est avéré concluant, alors elle aura d’autant plus de chances de devenir olympique à part entière ou avec le statut de discipline additionnelle. Cela a par exemple été le cas, dans un passé récent, du basket 3x3.

ON N’A PAS SACRIFIÉ L’ESPRIT NI LA PHILOSOPHIE DES JEUX

Mais que l’on ne se méprenne pas : les disciplines en question présentes lors des JO 2024 - breaking, skateboard, etc. - sont bien des sports et non des activités. Et ce dans la mesure où elles satisfont les critères qui composent la définition des premiers : un sport doit être codifié, avoir une résonance universelle via un nombre minimum de fédérations nationales et d’adeptes, enfin, il se caractérise par des compétitions et des classements internationaux. Sans compter la nécessaire triple dimension : être, pêlemêle, télégénique, esthétique et aisément compréhensible. Ce qui fait dire à Éric Monnin que l’on n’a pas sacrifié l’esprit ni la philosophie des Jeux. Nous sommes simplement dans une évolution, laquelle a, au demeurant, constamment caractérisé le programme des Jeux.

Article issu du journal Les Jeunes hors-série spécial Jeux olympiques et paralympiques disponible ici.