A l'occasion de cette semaine Olympique et Paralympique, il est bon de rappeler les liens historiques qui lient notre fédération à leur rénovateur, le baron Pierre de Coubertin ; liens renforcés depuis par une présence active et ininterrompue de nos représentants au sein du comité qui perpétue son message depuis sa création.
LE SERMENT
En premier lieu on peut souligner le rôle déterminant de sa visite de 1905 au pape Pie X dans l’intérêt que celui-ci portera ensuite au développement de sport et à la mission qu’il confiera à Mario de Carpegna, mission qui aboutira à la création de la FICEP à Nancy en 1911.
Mais penchons sur notre propre histoire. Encore membre de l’USFSA[1], il entretient des rapports privilégiés avec notre secrétaire général, Charles Simon, qui y siège également au titre de son association, L’Etoile des deux lacs. Ceux-ci vont se matérialiser plusieurs façons, dont la première, en juillet 1906 fut une véritable déclaration d’amour publiée simultanément dans Les Jeunes et la Revue Olympique :
Mon cher secrétaire général,
Les Olympiades d'autrefois avaient un triple caractère; elles étaient périodiques, artistiques, religieuses. Nous avons, en les ressuscitant, rétabli en premier lieu leur célébration régulière. Douze ans plus tard, les lettres et les arts ont pu être conviés à renouer avec les sports des liens longtemps interrompus ; tel fut le sens de l'effort qui vient d'être tenté. Reste à escalader la troisième muraille, la plus haute et la moins accessible. La véritable religion de l'athlète antique ne consistait pas à sacrifier solennellement devant l'autel de Zeus. Elle consistait à prêter un serment de loyauté et de désintéressement et surtout à s'efforcer de le tenir strictement.
Une réaction s'impose donc. Elle aura pour bases nécessaires : d'une part l'adoption d'une définition plus intelligente, plus large et surtout plus exacte de l'amateur ; de l'autre, le rétablissement du serment préalable. Par-là s'introduira dans les sports modernes l'esprit de joyeuse franchise, l'esprit de désintéressement sincère qui les rénovera et fera de l'exercice musculaire collectif une véritable école de perfectionnement moral.
Parmi les grandes fédérations susceptibles d'aider à la poursuite d'un pareil but, aucune ne s'inscrit avant la vôtre. Elle est la plus imbue, je crois, d'un généreux vouloir ; elle est en tous cas la plus parfaitement démocratique ; et, je le dis hautement, la démocratie est seule en mesure d'opérer, quand il le faut, certaines besognes d'assainissement.
Veuillez agréer, mon cher secrétaire général et ami, la sincère expression de mes plus dévoués sentiments.
[1] : Union des sociétés de sports athlétiques qui gère alors la majorité des sports en dehors de la gymnastique, des sports mécaniques et des sports de combat. Fondée le 20 novembre 1887 soit 11 ans avant « notre » fédé, elle disparait en 1919
LES MEDAILLÉS
En 120 ans d’existence, la fédération, ouverte à tous les modes de pratique, même les plus modestes, a permis à des centaines de milliers de jeunes sportifs d’atteindre leur plus haut niveau. Mais il n’est peut-être pas inutile de rappeler que, pour vingt-cinq d’entre eux, ce haut niveau a été une médaille olympique :
- Les bronzés : Roger Bambuck (Le Redoutable, Guadeloupe, 4x100m en 1968), Robert Chef d’Hôtel (Etoile sportive Gargan-Livry, 4x400m en 1948), Renée Garilhe (Bleuets de la gare Paris, fleuret en 1956 ), Paul Genevay (Croisés de Saint-André, 4x100m en 1964), Marcel Hansenne (Intrépide du Sacré-cœur Tourcoing, 800m en 1948), Alphonse Higelin (Cercle catholique Saint-Joseph de Mulhouse, gym, concours général par équipes en 1920 et barre fixe individuelle en 1924), Jacqueline Mazéas (RSF Denain, Caen, Rouen et Toulouse, lancer du disque en 1948), Catherine Plewinski (Association des Scouts de Cluses, 100m libre en 1988 et 100m papillon en 1992) et Patrick Vial (Jeanne d’Arc de Maisons-Alfort, judo en 1976)
- Les argentés : Franck Badiou (Association sportive cheminots Villeneuve-Saint-Georges, 1992), Nicolas Berthelot (Club sportif de tir de Creil, 1988) et Michel Bury (1984) à la carabine à 10m, Céline Goberville (Club sportif de tir de Creil) pistolet à 10m en 2012, André Barrais, Maurice Girardot, Maurice Desaymonnet (Championnet sports), André Buffière (La Fraternelle d’Oullins puis Etoile Sainte-Marie de la Guillotière) et Jacques Perrier (Hirondelles des Coutures Bagnolet) tous les 5 basket en 1948, Ignace Heinrich (Cercle catholique Aloysia Ebersheim puis Racing club de Strasbourg, décathlon en 1948), Alphonse Higelin (déjà cité, concours général par équipes en gymnastique en 1924), Michel Jazy (AS Centre de Paris, 1500m en 1960) et Guy Lapébie (Jeunes du Captalat Bordeaux, cyclisme, course sur route en 1936)
- Les 6 titres olympiques : Franck Dumoulin (Mouettes de Royan, carabine à 10m en 2000, René Duverger (haltérophilie en 1932) et Adrien Rommel, lui aussi de Championnet sports, double champion de fleuret par équipes (1948 et 1952), comme Guy Lapébie, déjà cité, champion individuel et par équipes de course cycliste sur route en 1936.
On aura remarqué l’exploit de Championnet sports (Paris 18e) club éminemment social, qui peut être fier de ses 3 titres et de ses 5 médailles d’argent, et que l’athlétisme est le plus grand pourvoyeur de médailles (7) devant le basket et le tir sportif (5).
A force de s’occuper de la masse, on tombe parfois sur des pépites… Mais encore faut-il les attirer ! Les patros, clubs de quartier aujourd’hui souvent exilés dans la périphérie des grandes villes, ont joué ce rôle d’éveil jusque dans les années 70. Mais tout est devenu si difficile, et si spécialisé….
Articles issus du journal Les Jeunes n°2577 en consultation libre ici.