Face aux enjeux climatiques et économiques actuels, le monde sportif a plusieurs rôles à jouer, comme limiter son impact écologique mais aussi accompagner les changements bénéfiques. A l’ère du développement durable, comment la fédération et les associations s’engagent-elles au quotidien ?
Depuis 2009, le ministère des Sports s’est engagé avec des acteurs du sport à prendre en compte plus systématiquement les enjeux environnementaux, sociaux et économiques dans le sport. La mission sport et développement durable du ministère a élaboré une stratégie qui s’articule autour de trois axes : sensibiliser et mobiliser tous les acteurs du sport dans cette dynamique, transformer le monde du sport pour le rendre plus durable et se servir du sport et de tous ses acteurs pour améliorer la situation. Mais quelle est la définition de ce développement durable dont tout le monde parle ? Selon le Sommet de la terre à Rio, c’est un développement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable. Plus que jamais, les grands événements sportifs internationaux doivent être des exemples en la matière, en favorisant par exemple les modes de transports doux ou en luttant contre les inégalités sociales.
Les JO 2024 sont un bon exemple en la matière. Axe fondamental de la candidature de la France, les Jeux olympiques de 2024 ont choisi de se placer sous le sceau d’une forte ambition environnementale. En effet, selon le site officiel des JO, en organisant des Jeux neutre en carbone, Paris 2024 veut montrer l’exemple en s’alignant sur les objectifs de l’Accord de Paris. Pour réduire son impact carbone, Paris 2024 a fait notamment le choix d’utiliser à 95% des équipements déjà existants. Seuls deux sites seront construits, dont un centre aquatique qui comblera le retard de la Seine-Saint-Denis en nombre de piscines. Pour rappel, le 93 est un département où un enfant sur deux ne sait pas nager.
Outre cette vaste notion de développement durable, la RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations) est un concept de plus en plus employé. Mais que signifie ce mystérieux acronyme ? La RSO (ou RSE pour les entreprises) est loin d’être une nouveauté ! Selon le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), la RSO implique une contribution active au développement harmonieux de la société. Dans ce sens, elle doit par exemple répondre aux besoins de la société (accessibilité, santé, etc.), et protéger l’environnement en multipliant les éco-gestes. Elle doit aussi améliorer les performances économiques de façon responsable et éthique en favorisant par exemple la mixité à l’embauche ou en prenant mieux en compte les droits des bénévoles.
Afin d’aider les structures sportives à multiplier leurs actions RSO, le CNOSF a travaillé ces derniers mois avec une douzaine de fédérations, dont la FSCF, à la mise en œuvre d’une plateforme d’excellence environnementale par le sport - ou plateforme RSO - pour proposer notamment des pistes d’actions et une boîte à outils. C’est une plateforme qui vise à encourager l’ensemble des acteurs du mouvement sportif à structurer et valoriser leur démarche de RSO. Cette plateforme a été inaugurée le 3 mars en présence d’une centaine de personnes dont des représentants du ministère des Sports. Plusieurs initiatives de la fédération y ont été mises en ligne ! La fédération, qui essaie d’intégrer des clauses environnementales et sociales dans ses achats, a acquis en 2012 des gourdes éco-conçues et fabriquées en France à destination des adhérents et salariés. L’objectif : limiter la production de déchets et engager une prise de conscience sur le sujet. Désormais, nombre de salariés du siège utilisent leur propre gourde.
Cette plateforme permet donc à toute organisation sportive de mieux comprendre les enjeux de la RSO, de s’autoévaluer et d’identifier des pistes d’action tout en valorisant ses bonnes pratiques. De vivre donc le développement durable dans son quotidien, sportif ou pas.
La RSO au quotidien
A l’instar du monde du sport, les activités pratiquées à la fédération ont un impact sur l’environnement, notamment via les déplacements, l’achat de matériel ou l’utilisation de chauffage ou d’éclairage. C’est pour cela que depuis une dizaine d’années, toutes les questions liées au développement durable s’inscrivent pleinement dans le programme d’action de la fédération à travers la participation à des groupes de travail ciblés RSO, l’accompagnement des associations, et des organisateurs de manifestations sportives et culturelles, ou la création de boîtes à outils pratiques et accessibles à tous.
L’une des missions de la fédération est d’accompagner les associations et autres structures dans la mise en place de leurs projets écoresponsables. Depuis 2012, grâce au dispositif Une charte, un club, les comités départementaux, régionaux, et les associations peuvent lancer leur propre politique de développement durable… en toute liberté. A travers cette charte, une cinquantaine de structures ont formulé 10 engagements de développement durable tendant à une gestion intelligente et solidaire des ressources dans le cadre de leur activité - et cela pendant 4 ans. L’objectif est de pouvoir formuler des engagements proches des réalités quotidiennes, c’est-à-dire simples et soutenables dans le temps, que les comités ou les associations ont peut-être déjà mis en place sans le savoir.
Depuis l’an dernier, la démarche responsable de la fédération a pris une nouvelle ampleur. C’est à présent une valorisation fédérale à mettre en avant aussi bien pour les organisateurs que pour les associations. Cette reconnaissance, validée par la commission nationale développement durable, récompense les organisateurs de manifestations responsables, pour l’amélioration de leur organisation, et les associations, validant ou renouvelant leur engagement Une Charte, un club, pour leur investissement de long terme : la démarche responsable récompense non seulement les éco-gestes mais aussi des actions de solidarité, un travail sur le bénévolat, la santé, ou sur la mixité. C’est un atout pour une organisation !, nous dit Richard Margot, en charge du développement durable à la fédération.
Toujours en 2019, celle-ci a réaffirmé son engagement pour un sport durable et plus respectueux de l’environnement en signant en juin la charte des 15 engagements écoresponsables du ministère des Sports et du WWF. Pour rappel, cette charte aspire à améliorer les conditions d’organisation d’événements sportifs en mettant en avant le respect de l’environnement : nous n’avons pas voulu cibler une compétition en particulier car les organisateurs changent d’une année sur l’autre. C’est pour cela que nous avons décidé de nous concentrer sur notre congrès national, explique Richard Margot. Organisé en novembre, le 107e congrès national de la fédération s’est inscrit pour la première fois dans la démarche de cette charte. Plusieurs actions ont été menées… avec succès. Grâce à une action lancée en amont, 90% des congressistes sondés ont utilisé un mode de transport doux pour se rendre à la manifestation. Pour tout ce qui est volet social et solidaire, le congrès avait décidé de mettre en avant les associations se battant au quotidien pour les solidarités.
En collaboration avec 7 autres fédérations, la fédération travaille sur la refonte du label Développement durable, le sport s’engage du CNOSF, le seul label sportif qui englobe toutes les dimensions du développement durable. Pour rappel, ce label permet de valoriser une manifestation responsable, pas forcément compétitive. À la fédération, 82 événements ont obtenu ce label en 8 ans, des championnats de gym aux courses caritatives, ce qui montre une belle dynamique : suite à cette refonte, le label impliquera plusieurs niveaux de lecture et sera donc plus facile à utiliser. Il sera également dorénavant en ligne, ajoute Richard Margot.
Le mot de Christophe Tassano, directeur général de l’association La Semeuse
Créée en 1904 à Nice, La Semeuse propose la pratique de plus d’une soixantaine d’activités sportives, culturelles et de vacances et mène différentes actions sociales et éducatives au sein de ses 8 établissements et vingtaine de services. Elle réunit 4600 adhérents et touche environ 44 000 usagers. La RSO est un axe fort de notre projet de développement stratégique. A La Semeuse, notre objectif est de réduire notre empreinte écologique, mettre la planète au centre de nos actions mais aussi sensibiliser les différents publics que l’on accueille, notamment les jeunes. En décembre lors de notre dernière AG, nous avons élaboré collectivement (bénévoles, professionnels, adhérents), une charte de 10 engagements intitulée la « Fabrique Verte Responsable » que nous allons faire labelliser par la FSCF. Cette démarche a surtout permis de recenser et partager les nombreuses initiatives déjà existantes puis de les synthétiser dans un plan d’action qui sera piloté par notre green team, sorte de brigade verte composée de binômes salariés/bénévoles ! Dans le domaine de l’environnement, de l’éducation à l’écocitoyenneté mais aussi de l’insertion, nous développons de plus en plus les chantiers de nettoyage des rues du centre-ville, des plages et des rivières à destination des jeunes, notamment ceux des quartiers populaires de la ville. Nous faisons aussi en sorte de privilégier la sobriété énergétique, les circuits courts, des produits de saison mais aussi de promouvoir dans toutes ses dimensions les relations du sport et de la santé dans un objectif de prévention. Concilier action sociale, solidarité et environnement, plutôt que de les opposer, c’est aussi tout cela le développement durable !