Les pédagogies actives, mode d'emploi

Si la pédagogie active devait se résumer en quelques mots, ce serait « apprendre en faisant ». Elle place les élèves et les étudiants au cœur du processus d’apprentissage dans le but d’augmenter leur motivation et de favoriser les apprentissages durables. Ce sont des boîtes à outils qui peuvent s’appliquer à n’importe quel domaine, auprès des jeunes et des moins jeunes.

S’opposant à la pédagogie traditionnelle reposant sur un enseignement transmissif de l’enseignant aux élèves ou aux stagiaires, les méthodes de pédagogie active sont basées sur des activités d’application, d’analyse, d’évaluation, de synthèse ou d’autoévaluation, et s’inspirent de contextes réels pour « l’apprenant ». Les jeux de rôles, les études de cas, les débats, les résolutions de problème ou les votes n’en sont que quelques exemples. Les bénéfices que l’on observe sont multiples. De fait, la pédagogie active permet notamment de développer la capacité d’innover, de collaborer, apprendre de façon autonome, solliciter un engagement réel, favoriser des apprentissages en profondeur, et augmenter le plaisir d’apprendre (source : Université de Montréal, centre de pédagogie universitaire). Cet engagement actif, pilier de l’apprentissage, suscite la curiosité et l’autonomie. Il permet aussi d’accroitre le niveau de motivation de l’apprenant face aux tâches qui leur sont proposées. Enfin, la pédagogie active se distingue (…) par une ambiance et un climat d’apprentissage différent. Il augmente le plaisir d’apprendre par des éléments positifs et amusants (source : www.bienenseigner.com/pedagogie-active/).

LES DIFFÉRENTES MÉTHODES ACTIVES

• L’apprentissage par le projet permet de générer des apprentissages à travers la réalisation d’une production concrète. Cette méthode peut-être soit individuelle avec par exemple la réalisation d’un exposé, soit collective,
• L’apprentissage par résolution de problèmes permet aux apprenants de travailler en groupes afin de résoudre un problème posé par l’enseignant, de façon à découvrir des notions nouvelles de façon active,
• Concernant l’apprentissage par la découverte, la matière à apprendre n'est pas présentée à l'apprenant dans sa forme finale mais sous une forme telle qu’il doit la réorganiser ou la transformer,
• L’apprentissage à partir de cas concret consiste à analyser une situation complexe en s’appuyant sur un cas réel,
• L’apprentissage coopératif/collaboratif préconise l’apprentissage et la résolution de problèmes en petits groupes. Il tient dans l’idée qu’on apprend mieux avec les autres et que le savoir est une construction collective,
• L’apprentissage expérientiel est basé sur le contact direct - avec soi, les autres, l’environnement. L’expérience pratique est le mode d’apprentissage le plus efficace et donne lieu à l’apprentissage expérientiel. Ce modèle préconise la participation à des activités se situant dans des contextes les plus rapprochés possible des connaissances à acquérir ou des compétences à développer.

TÉMOIGNAGES

Jean-Michel Bastien est agent de développement au sein d’un comité départemental d’une fédération, où sont organisés depuis 1993 des espaces de loisirs itinérants (ELI) proposant des activités sportives ludiques pendant les vacances scolaires.

Ces ELI s’adressent à de jeunes ados qui résident en zone rurale et qui ne se reconnaissent plus dans le format classique des centres de loisirs. Nous utilisons beaucoup la pédagogie active, notamment l’apprentissage expérientiel et l’apprentissage collaboratif. Nous construisons la semaine d’activités avec eux : ils sont acteurs de leurs loisirs. Ils choisissent beaucoup de choses comme le programme de la semaine, le nombre de groupes, etc. Sur le choix des activités, nous expérimentons plusieurs types de vote pour que chacun puisse y trouver son compte. Nous nous servons des activités pour mieux apprendre le vivre-ensemble : c’est un apprentissage collaboratif. Ce format marche très bien : les jeunes sont motivés et prennent plaisir. La plupart d’entre eux reviennent d’année en année.

Fondateur de Login prévention, Guillaume Dorai anime à destination des jeunes, des étudiants, mais aussi des publics adultes et professionnels, des conférences et des interventions autour de la citoyenneté numérique, notamment pour identifier les bons usages sur les réseaux sociaux.

L’idée, c’est de former notamment les plus jeunes à l’usage responsable des réseaux sociaux avant même qu’ils ne les utilisent, et les ados à la gestion de leur image sur les réseaux. J’utilise les pédagogies actives depuis une quinzaine d’années en plaçant les jeunes au cœur de l’apprentissage. La pédagogie par le cas concret marche très bien. Les jeunes vivent dans le présent : ils ont besoin de sentir qu’on est dans leur réalité. La capture d’écran, la photo ou la vidéo qui vient de TIKTOK fonctionnent car ils s’identifient à la personne qui se trouve à l’écran. Pour tout ce qui est notion de e-réputation, j’aime mettre les adolescents en situation, notamment en leur montrant une photo où l’on voit un jeune alcoolisé en soirée. L’objectif : commenter, interpréter, et se projeter en jouant à un jeu de rôle candidat / employeur.

Abed Larbi est formateur BAFA-BAFD et président de l’association La Main solidaire, une association qui intervient dans plusieurs domaines : l'insertion, la réinsertion, les loisirs, les actions citoyennes et solidaires, la formation... Elle propose notamment des formations BAFA-BAFD¹, PSC1² et un accompagnement à la VAE³ BPJEPS⁴, moniteur éducateur.

Lors des formations BAFA-BAFD, l'association utilise des méthodes actives pour favoriser l’apprentissage par la découverte telles que des études de cas, des animations collectives ou des jeux de rôle sur la gestion des conflits. Ces méthodes permettent aux stagiaires d'être au plus près de la réalité du terrain et de les confronter à des situations complexes. Les stagiaires disposent d’un carnet de route de l’animateur pour leur permettre de se situer dans la formation et se rendre compte de leur évolution. Cela permet de les valoriser et développer l'estime et la confiance en soi, ce qui est primordial.

LE JEU DE RÔLE

C’est une technique visant à représenter des situations, le plus souvent semblables à celles de la vie réelle, grâce à une scène improvisée entre deux ou plusieurs acteurs. Le groupe est doublement mis à profit dans le jeu de rôle. Les apprenants agissent soit comme protagonistes, soit comme observateurs. Dans le cadre d’une formation professionnelle, cela peut être l’exemple du cas du stagiaire qui joue le rôle du recruteur ou inversement. Dans le domaine de l’animation, cela peut reproduire un conflit entre les jeunes.

¹Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur - brevet d'aptitude aux fonctions de directeur
²Prévention et secours civiques de niveau 1
³Validation des acquis
⁴Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport

Article issu du numéro 2585 de la revue officielle Les Jeunes, pour consulter le numéro en intégralité c'est par ici !