Suite de notre entretien avec l’éducatrice spécialisée dans l’Éveil Dominique Barrou. Elle aborde avec bonne humeur et passion le déroulement des séances, le contexte lié au COVID et tout ce que peut apporter l’Éveil de l’enfant.
Quelles sont les caractéristiques d’une séance d’Eveil des premiers pas ? Comment avoir la bonne approche avec des enfants si jeunes ?
Le principal à mes yeux, c’est de connaitre les spécificités du corps des enfants les plus jeunes. Il y a des situations multiples qui correspondent aux différents niveaux de développement de la motricité du bébé. Dans une séance normale, les parents arrivent, tout le monde se salue, les enfants partent avec les parents et c’est l’enfant qui décide d’aller là où il le veut. Sur les ateliers, notre rôle est d’aider les enfants en cas de besoin ou au contraire les laisser seuls si tout va bien. En clair, pour les parents, cela implique de garder les yeux ouverts, d’être toujours bienveillants et motivés et d’encourager l’enfant le plus possible. Souvent, les parents sont en questionnement ; mon rôle est alors de les aider et de les accompagner pour qu’ils n’entravent pas le développement de la motricité du nourrisson.
Comment gérez-vous la présence des parents dans vos séances ?
J’ai 30 ans d’expérience dans l’Éveil, 3 enfants, 8 petits-enfants : je suis légitime même si je ne sais pas tout. On rencontre parfois de la crainte chez les parents, ils peuvent avoir l’impression d’être remis en cause, mais c’est là qu’est toute la finesse de l’activité : accueillir l’enfant et lui proposer des activités, c’est quelque chose de différent de ce qu’ils peuvent faire à la maison. En toute modestie, je suis convaincue de mes compétences en matière d’Eveil, j’ai l’expérience et la formation. Quand les parents nous font confiance, c’est fabuleux, car l’enfant le ressent.
Pensez-vous que cette pratique va se développer dans les années qui viennent ?
J’aimerais évidemment qu’elle se développe. Les animateurs ne courent malheureusement pas les rues mais, au niveau des formations, de plus en plus de professionnels sont présents : des responsables de crèches, des kinésithérapeutes, des psychomotriciens par exemple. Pour l’enfant, c’est vraiment intéressant car, s’il commence dès 6 mois, alors une association qui pratique l’Eveil jusqu’à 6 ans va pouvoir le garder pendant tout le début de sa croissance. Et si l’association propose des activités après, c’est bénéfique pour tout le monde. En clair, je pense que cette thématique des premiers pas ne peut que se développer à l’avenir car c’est un bienfait majeur pour l’enfant et les parents, mais également pour les associations.
Le contexte du COVID est-il obstacle majeur ? Le virus a bouleversé le monde associatif…
Effectivement, nous devons nous adapter. Les parents sont masqués. Pour ma part, j’évite de sortir du petit matériel car je dois tout désinfecter après chaque séance. Mais le principal problème, c’est la distance avec l’enfant. Je suis très proche des enfants donc c’est forcément différent. J’aimerais que le prochain stage se remplisse, nous faisons tout pour en tout cas.
Si vous deviez résumer votre vocation en 3 mots, quels seraient-ils ?
Les trois mots qui me viennent en premier lieu sont la bienveillance, l’aventure et l’exploration. L’Eveil, c’est la base de la construction de la motricité des êtres humains et des futurs adultes. Avec mon expérience et l’apport de Michèle Forestier, j’arrive parfois à voir chez des personnes s’ils ont fait de l’Eveil quand ils étaient enfants. L’Eveil donne des clés pour l’estime de soi, la confiance en soi, l’envie d’apprendre, mais également dans notre rapport aux autres. Il faut faire comprendre aux enfants que leur corps est un outil merveilleux. Si l’enfant passe par ces étapes de construction, sa vie n’en sera que meilleure !
Propos recueillis par Mathieu Mondet
Crédit photos : Eveil Forme Loisir (Villars)