Hier était la journée mondiale de la mémoire des victimes de la Shoah et le 75ème anniversaire de la libération d’Auschwitz. Il est important de rappeler l’impact qu’a eu la loi discriminatoire du 2 juin 1941 mise en place par le régime de Vichy sur les sportifs et sportives juifs.
Le sport est un des principaux outils de la propagande idéologique. Alors, sous Vichy, on s’attache particulièrement à enseigner le sport aux plus jeunes. L’éducation générale et sportive (EGS) est ainsi créée.
Avec la guerre et le manque d’hommes, on ouvre aux femmes la profession d’enseignant, l’éducation sportive. Environ quatre mille jeunes filles se rendent au stade de la Croix-de-Berny pour le concours d’éducation physique de la FGSPF de 1941. Au premier plan, on aperçoit les cornettes des filles de la charité, qui s’intéressent à l’éducation physique depuis 1919 grâce aux moniteurs de la FGSPF. Elles représentent la religion catholique, dont certains dignitaires sont proches du régime politique de Vichy. Elles rappellent, en quelque sorte, que l’Eglise observe ces jeunes filles. D’ailleurs, au moment où est prise cette photographie, celles-ci sont en train d’écouter la messe célébrée dans la tribune.
Depuis 1940, la France est sous occupation allemande. Le régime de Vichy est mis en place en juillet et instaure le 2 juin 1941 une loi interdisant formellement à tout juif d’exercer les métiers de l’enseignement. Les candidats au concours doivent alors rédiger une déclaration sur l’honneur de ne pas être Juif (Tous les sports n°11 du 13 septembre 1941).
Le régime de Vichy entendait bien former une nouvelle jeunesse à l’image des jeunesses hitlériennes en Allemagne : des jeunes hommes virils et vigoureux et des jeunes femmes fines et gracieuses. Il prônait la race dite « aryenne » et se servait du sport pour cela. Beaucoup de sportifs et de membres de la FGSPF, dont les dirigeants nationaux résistèrent aux ordres de Vichy, furent ainsi envoyés dans les camps de concentration et d’extermination. Hier, aujourd’hui et demain, il est essentiel de se souvenir d’eux et de transmettre de génération en génération ce devoir de mémoire des victimes de la Shoah et ses valeurs de prévention et de tolérance.