Skateboard, breakdance, escalade et surf. La décision finale est tombée le 21 février dernier, ce seront ces quatre disciplines que le comité d’organisation Paris 2024 présentera au CIO.
Un choix qui s’inscrit dans la continuité des « Jeux révolutionnaires » souhaités et maintes fois mis en avant par le comité d’organisation. Avec la volonté de se tourner davantage vers la jeunesse avec le choix de sports où le spectaculaire et la créativité priment. « Les Jeux ont ce défi permanent de se connecter aux nouvelles générations. Si nous voulons développer la pratique sportive des jeunes, il est plus facile de le faire avec des sports qui leur parlent » a ainsi déclaré Tony Estanguet. Un discours entretenu par la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, qui a décrit un besoin de donner l’image d’une France « créative, inspirée, et connectée ». Une tendance qui correspond même à une volonté propre au CIO, qui chercherait à se rapprocher de plus en plus de sports dits « urbains ».
Dans un article du journal Le Monde, l’historien Patrick Clastres décrivait cela comme une conséquence du « recul de l’intérêt des populations urbaines juvéniles pour les sports historiques », obligeant le CIO à se servir «des Jeux olympiques de la jeunesse [JOJ] comme d’un laboratoire pour de nouveaux sports afin d’identifier de potentiels sponsors et d’établir le dialogue avec des institutions qui les représentent à l’échelle mondiale. ».
L’exemple du breakdance, dont le choix a résonné comme une petite surprise dans le monde olympique, est en ce point assez intéressant à analyser. Sport plutôt atypique sur le papier, l’intégrer fut « une évidence car il parle à la jeunesse du monde entier » selon Aurélie Merle, directrice associée aux sports du COJO (Comité d’organisation des Jeux olympiques). La jeunesse du monde entier, peut-être, mais surtout la jeunesse française puisqu’on recense un million de B-boys et de B-girls, noms donnés aux pratiquants de breakdance, en France, ce qui en fait le deuxième pays en la matière derrière les Etats-Unis. Une présence locale qui représente un fait très important au regard des organisateurs, qui aspirent ainsi à susciter beaucoup d’engouement autour des épreuves. Autres atouts majeurs du breakdance, la discipline est rattachée à la fédération internationale de danse sportive, et sa pratique ne nécessitera pas la construction de nouvelles infrastructures pour le déroulement des épreuves. Deux éléments fondamentaux dans le choix d’une épreuve olympique, dont le processus de sélection est encadré par de nombreux critères.
Devenir une épreuve olympique, une épreuve en soi
En effet, on ne dénombre pas moins de 33 critères permettant de sélectionner le fait qu’un sport devienne olympique ou non. Ces derniers sont divisées en 6 critères principaux : l’Histoire, la popularité, l’universalité, le développement de la fédération internationale du sport concerné, les coûts impliqués, et enfin l’image. Avec pour certains des éléments très précis. Par exemple en ce qui concerne l’universalité, la discipline doit être pratiquée par des hommes dans 50 pays sur trois continents différents, et par des femmes dans 35 pays sur trois continents différents. Autre exemple notable, cette fois au niveau de l’image, l’impact que l’activité peut avoir sur l’environnement, ou encore son implication dans les problématiques autour du dopage.
Mais derrière ces considérations officielles, on retrouve souvent en coulisses de fortes luttes d’influence entre des acteurs souhaitant imposer leurs choix. Avec parfois des considérations politiques, des Etats ayant intérêt à voir la promotion d’un sport inscrit dans leur identité culturelle. Mais aussi des considérations marketing, conséquence de l’importante manne financière que représentent les sponsors et les droits de retransmission dans le monde sportif actuel, poussant les comités à prendre en compte ces derniers lors de leurs choix.
Au travers des choix de disciplines de Paris 2024, certains louent une saine et logique ouverture d’esprit, quand d’autres déplorent une dénaturation de l’Olympisme. Si les différents arguments peuvent s’entendre, espérons que les Jeux Olympiques restent pour encore longtemps la fête du sport qui fait rêver les passionnés à travers le monde entier.