Du 11 au 13 Mars 2022 :
Cartographie orientation, sécurité, azimuts, combes, crêtes, visées …
Un stage et des clefs
Ils étaient neuf, neuf stagiaires qui voulaient s'approprier les clefs de la préparation, de la conduite et de l'évaluation d'une randonnée.
Ils sont venus en apportant leurs clefs, de précieuses petites clefs matérielles regroupées dans un trousseau. Ces clefs qui servent à fermer un espace privé – l'habitacle d'une voiture, la chambre d'un hôtel ou la maison d'habitation – sont soigneusement rangées dans une poche avec la certitude de les retrouver au retour d'une randonnée.
Mais ces clefs sont parfois facétieuses et disparaissent de leur cachette. On s'interroge : "Clefs où êtes-vous donc passées ? ". On s'évertue alors à tâter toutes les poches des vêtements ou du sac à dos, mais on voit ne rien qui ressemble à un trousseau de clefs. On insiste en vidant toutes les poches de leur contenu, mais l'étalage ne permet pas de visualiser la moindre clef.
On commence à envisager les conséquences de cette disparition, mais on se souvient de Lavoisier qui affirmait "Rien ne se perd, tout se retrouve !" et l'histoire nous donne raison : on finit par retrouver les clefs dans une pochette personnelle "où elles n'avaient rien à faire" ou dans une poche du sac à dos d'un autre randonneur.
Ils sont venus pour élaborer avec les animateurs les clefs qui permettent d'accéder aux connaissances nécessaires à l'exploration d'un espace inconnu, ouvert à tout être vivant qui a formé le projet d'y déambuler pour en découvrir les richesses naturelles, les curiosités historiques ou les installations humaines récentes.
La lecture d'une carte représentant, le plus fidèlement possible à un instant donné, une portion de la surface terrestre passe par l'appropriation de l'échelle de réduction, la reconnaissance de la configuration du terrain et le décryptage des symboles employés pour indiquer des éléments particuliers du paysage.
La consultation d'une carte se révèle insuffisante pour évoluer dans des conditions où la prise de repères dans la réalité est rendue délicate, voire impossible, comme par exemple de nuit ou par temps de brouillard ou encore quand la configuration des lieux occulte toute visibilité. Il faut alors se servir d'une boussole, instrument qui permet d'abord d'orienter la carte en la faisant pivoter jusqu'à faire coïncider le Nord géographique avec le Nord magnétique et ensuite de mesurer l'angle compris entre deux lignes directionnelles : celle du Nord et celle du but visé.
Ils sont venus pour tester l'efficacité de ces clefs lorsqu'il s'agit de contrôler sa progression sur une parcelle du terrain représenté et de répondre aux trois questions-clefs : d'où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ?
Il faut parfois aussi répondre à la question "Chemin où es-tu donc passé ? ", car il arrive que les chemins soient aussi espiègles que des clefs comme les stagiaires l'ont vérifié au cours de la dernière randonnée du stage.
Le tracé du parcours indique qu'il faut virer vers le nord ouest, en croisant une limite de communes juste à la sortie d'une clairière, mais … les voilà dans la forêt sans avoir aperçu la plus petite sente conduisant dans la direction souhaitée et deux chemins convergents s'offrent à eux : lequel emprunter ? Ils reviennent sur leurs pas pour vérifier si ils auraient manqué d'attention et de vigilance dans leurs recherches, mais aucune piste n'apparaît. Retour à la croisée des deux chemins déjà aperçus : sur lequel s'engager ? Ils optent pour celui qui vire le plus à l'ouest. Initiative malheureuse : ils rencontrent une borne qui marque une nouvelle limite de communes, laquelle est éloignée de leur trajectoire. Ils pourraient rattraper l'itinéraire tracé sur la carte en adoptant un angle de marche pour traverser une parcelle de forêt, oui, mais … les derniers coups de vent ont rendu la forêt inhospitalière et le vent qui vient de se lever augmente l'insécurité dans cet univers. Ils reviennent à la croisée des deux chemins pour "choisir" le dernier sentier non exploré et la suite du parcours s'effectuera sans encombres : il n'y a pas de chemin perdu, il n'y a que des chemins retrouvés !
Ils étaient neuf, neuf stagiaires qui sont repartis avec des clefs plein leurs poches et leurs poches n'étaient pas trouées : ils sont prêts à les utiliser, seuls ou en guidant un groupe, pour cheminer sur une dizaine de kilomètres dans un environnement où le dénivelé positif n'excède pas 300 m, et éventuellement compléter leur trousseau de clefs en effectuant le stage de second niveau.