C’est aujourd’hui mardi 21 juin, la fête de la musique en France. Créée en 1981 par Jack Lang, alors ministre de la Culture, cette fête perdure dans les habitudes des français et engrange tout autant de succès. Voilà l’occasion pour nous de revenir sur la place que détient la musique au sein de la Fédération depuis ses débuts.
1898, les premières pierres de la fédération sont posées autour de ce qui s’appelle alors l’Union des Sociétés de Gymnastique et d’Instruction Militaire des Patronages et Œuvres de Jeunesse de France, et déjà on compte la musique parmi les trois activités de départ en plus de la gymnastique et de l’instruction militaire. Rien d’étonnant quand on pense que c’est dans un esprit patriotique de soutien à la militarisation qu’en cette fin de XIXe siècle, le docteur Paul Michaux créa la fédération.
C’est au sein de ce qu’on appelait communément les cliques, que l’activité musicale prit forme au sein des œuvres de patronages et s’exprima au sein de la fédération. D’expression peu commune de nos jours, le terme a pourtant bien sa place dans le monde de la musique. Il désignait alors les groupements musicaux, composés essentiellement de percussions, d’instruments à vent et cuivres (notamment le tambour, le fifre et le clairon). La clique tient d’ailleurs son origine des orchestres régimentaires des armées, au son desquels les tambours-majors s’exprimaient et créaient leur aura particulière au sein de la culture militaire.
Quatorze ans plus tard, en 1912, la place que prend la musique au sein de la FSCF est telle que la présidence prend l’initiative de créer une commission spécifique destinée à encadrer l’activité musicale. Celle-ci est placée sous la direction de Gabriel Defrance. Il nous faut alors nous arrêter quelques instants sur ce grand personnage de la musique qui donna beaucoup à la fédération. Alors tambour-major de la fanfare de la Garde républicaine, ce dernier, musicien militaire de renom et créateur de l’Union des Fanfares de France, prit une part active au développement de l’activité musicale au sein de la FGSPF à la sortie de la Grande Guerre et y resta quarante années jusqu’en 1952. Durant tout ce temps, il présida la commission et dota la fédération de nombreuses compositions musicales accompagnant les sections de gymnastique dont notamment celle de l’hymne fédéral. Il est remplacé trois ans après sa mort en 1952 par Robert Goute, tambour-major de l’Armée de l’Air.
Le succès de la musique va croissant au sein de la fédération qui devient au fil du temps la Fédération Gymnastique et Sportive des Patronages de France (FGSPF). Les ensembles musicaux accompagnent alors les compétitions de gymnastique et se produisent lors des défilés. En 1910 est instituée une grande compétition à échelle fédérale, qui rassemble les patronages au sein des championnats de France des cliques et des fanfares paroissiales. Le concours a lieu une fois l’an sur toute la France, à Gentilly pour sa première édition, à Strasbourg en 1921, à Paris en 1923, à Rouen en 1927, à Rennes en 1936 ou encore à Blois en 1938. En 1947, le secrétariat recense près de 29.000 musiciens jouant au sein de la Fédération Sportive de France (FSF) qui a prit le relai de la FGSPF.
C’est au sein de ces rencontres que l’on pouvait apprécier le talent musical des cliques des patronages comme celle de l’Avant-Garde de Saint-Denis, qui voit le jour en 1911 et qui gagna plusieurs éditions, en 1948, 1949, 1950 et 1962.
L’image illustrant cet article a été prise à la fin des années 1940 et dévoile le groupe au complet, uniforme sur le dos et instrument à la main, entourant l’Abbé Marcel Joly aux côtés de Gabriel Defrance. L’histoire derrière cette photographie est belle et porte à sourire. Gabriel Defrance, connaissant bien le milieu de la musique embauchait lors de ces rencontres, des solistes professionnels venant notamment de l’Orchestre de l’Opéra pour venir jouer avec l’Avant-Garde. A cette époque, le média télévision n’ayant pas encore le succès phénoménal d’aujourd’hui, les gens n’étaient pas habitués comme nous le sommes, à reconnaître le visage des personnalités. Aisé alors, de faire passer le musicien professionnel pour un musicien de patronage et le jury, stupéfait par le talent, donnait la victoire de la musique à l’Avant-Garde Saint-Denis. Mais n’y voyons pas là une maligne manœuvre. Tout ceci s’explique par la volonté de l’Abbé Joly qui, en tête de son patronage vainqueur, profitait de l’occasion pour défiler dans les rues de Saint-Denis au nez et à la barbe des communistes alors au pouvoir, leur montrant que les catholiques étaient toujours présents et actifs dans la ville !.
Le succès croissant de la musique comme activité culturelle au sein de la fédération et les moyens dévolus à l’encadrement des groupes musicaux n’empêcha pas au fil du temps, une certaine considération du mot « clique ». Peu à peu, les musiciens rechignaient à se faire appeler de la sorte. Le terme, disaient-ils, avaient une consonance peu électorale. C’est pourquoi lorsque l’Académie française décida en 1975 de retirer le terme du vocabulaire usuel de la musique, la Fédération Sportive et Culturelle de France (FSCF) qui avait succédé depuis 1968 à la FSF, salua cette décision. A travers un article paru dans les Jeunes du 15 février 1975, intitulé « Adieu à la clique », Pierre Bréard, musicien de renom actif au sein de la Fédération, écrivait son soulagement.
Adieu la clique, bonjour la fanfare ! Bien loin d’arrêter l’activité musicale, la FSCF adopta désormais le terme de fanfare ou de batterie-fanfare pour désigner les groupements musicaux des patronages. Mais avec l’avènement de la FSCF, c’est un autre changement de vocabulaire au sein de la fédération qui s’annonce. Le mot « culture » entrant officiellement dans le sigle, les activités culturelles sont prises en meilleure considération. L’accent est mis sur le développement des activités musicales. Si à l’aube de sa création, les cliques pouvaient être vues comme accompagnatrices des championnats de gymnastique, à partir des années soixante-dix, la pluralité des actions se développe, et la musique gagne une place distincte par rapport à la gymnastique. L’organisation musicale, peu à peu se structure et gagne d’autres terrains.
Aujourd’hui, la formation musicale de la FSCF, toujours tournée vers le milieu amateur a comme objectifs la sensibilisation à l’éducation musicale et artistique et la découverte de nouveaux horizons musicaux. Elle soutient et met en place de nombreux projets, tout en continuant d’organiser tous les ans, les fameuses rencontres qui ont été instituées voilà plus d’un siècle et qui portent désormais le nom de Grands Prix nationaux de musique.