Compte-rendu du stage d’Animateur Fédéral 2.
23 au 28 août 2021 à Plainfaing (Vosges)
PREAMBULE
Nous formons le Groupe « BARDANE », réunissant onze participants rescapés d’une liste de seize personnes inscrites, dont cinq ont finalement dû renoncer pour des raisons diverses, malheureusement.
Nous avons vite compris à l’écoute de nos formateurs malicieux, que nous serions peut-être moins nombreux à l’arrivée, le pourcentage de perte admissible pour ce stage, à savoir 10%, n’étant décompté qu’à partir du début effectif de notre aventure.
COMPTE-RENDU
Il est d’usage de commencer par le commencement. Ce compte-rendu commencera par la fin !
Nous nous sommes séparés, heureux du plaisir de la rencontre et de la convivialité épanouie qui se sont manifestés tout au long de ces 5 journées.
A l’issue de cette semaine en groupe, chacun des participants a exprimé son sentiment, et les mots les plus fréquents ont été pour souligner la cohésion du groupe, la bonne entente, et l’esprit de coopération qui ont prévalu.
Par ailleurs, ce compte-rendu évitera soigneusement d’entrer dans le détail technique des formations. Soulignons seulement que les azimuts, visées et contre visées, l’orientation et la lecture de la carte IGN Top 25, le relevé de coordonnées GPS UTM 32U n’ont plus (hum…disons presque plus) de secrets pour nous.
Relevons ensuite le parti-pris de l’apprentissage « terrain ».
Parmi les cinq journées de cette aventure, pas une seule qui ne soit essentiellement consacrée aux activités en pleine nature.
La montagne vosgienne, avec ses allures changeantes selon que la météo vire à la pluie, ou reste ensoleillée, s’y prête merveilleusement.
Ces tapis de mousse douce donnent envie de s’y allonger… mais les formateurs ne l’entendaient évidemment pas de cette oreille (contrairement à Marc, qui, quant à lui, n’entendait ni de l’une ni de l’autre oreille).
Nous avons donc beaucoup marché, puisque nous étions là pour cela. Evidemment, cela aurait été trop simple s’il avait suffi de marcher.
Le programme concocté par Hubert, Adolphe, Jean et Jean-Pierre, composant l’équipe d’animation du stage fut copieux à d’autres égards.
Les participants ont d’abord été répartis en deux sous-groupes de respectivement 5 et 6 personnes, au choix de deux leaders désignés d’office.
Drôle de choix en vérité, et ce fut la première surprise : il s’est vite révélé que chacun des deux leaders ne choisissait pas un co-équipier pour sa propre équipe, mais pour l’autre !
Eh oui, la consigne n’était pas assez précise, et Hubert, le responsable de la formation, qui délibérément avait tendu ce petit piège, s’en amusait déjà.
Il en tirait la leçon pour nous: « vos consignes au groupe doivent être claires, complètes, concises et comprises». Cette organisation a été mise en œuvre pendant deux jours, mardi et mercredi.
Elle a donné l’occasion au sein de chacune des deux équipes, de faire mieux connaissance grâce à une plus grande proximité.
Et sous l’effet des pignolos de la Bardane, la plante qui a donné son nom au groupe, nous nous sommes attachés les uns aux autres, en grande cohésion.
Par la suite, le groupe a fonctionné à nouveau en effectif complet.
- Imaginez à présent que vous êtes sur une « petite côte » assez raide, progressant lentement vers le sommet encore assez éloigné, et que soudain l’annonce d’une montée catastrophique des eaux vous oblige à rejoindre très vite le sommet de la montagne. Et bien entendu, la performance est à réaliser en équipe, le chronomètre courant jusqu’à ce que le dernier ait franchi la ligne d’arrivée. Quelle stratégie l’équipe va-t-elle choisir pour se mettre le plus vite possible hors de danger : coopération, entraide pour le port du sac à dos comme l’a fait Thierry pour sa co-équipière Gigi, ou au contraire pression maximale les uns envers les autres, coups de fouet mentaux ou coups de pied aux fesses? La promesse d’un généreux apéro par Hubert aurait-il eu un effet notable… ? Toujours est-il que les deux équipes ont remporté le challenge.
- Ou encore imaginez-vous, boussole en mains, progressant sous la futaie en tâchant d’aller en ligne droite jusqu’à l’objectif éloigné de plusieurs centaines de mètres…sans connaître précisément cet objectif.
- Ou encore Imaginez-vous invité à réaliser le même exercice, sur une autre cible inconnue a priori, en binôme avec un autre participant, sans avoir le droit de communiquer verbalement et sous une pluie battante …
- Ou encore un scénario où, individuellement, vous êtes confronté à Adolphe, un ramasseur de champignons qu’une chute malencontreuse sur son propre couteau a amputé de son majeur gauche, votre rôle étant de réagir de la manière la plus appropriée pour porter assistance au blessé.
- Et que dire de ces exercices grandeur nature, où à tour de rôle chaque participant est mis en situation réelle d’animation de randonnée ou de serre-file ?
Nous avons réalisé l’ensemble de ces exercices, avec plus ou moins de réussite, et au terme des quatre premiers jours, sommes arrivés dans un état de fatigue assez sensible.
Il faut ici raconter le plaisir que nous avons éprouvé à passer la nuit du jeudi au vendredi, après une journée dense en difficultés, et une après-midi pluvieuse, dans un refuge des « Amis de la Nature ». Le brasero promptement allumé, le bois approvisionné malgré l’humidité, nous avons entouré Thierry assisté de Dominique, qui officiaient très efficacement pour faire cuire les blancs de poulet, tranches de lard, saucisses blanches et merguez.
Ce fut une soirée sans programme technique, dans une ambiance joyeusement animée, où les plus vaillants ont prolongé le plaisir par une partie de tarot très disputée.
Et puisqu’ici il est question de faire bombance, relevons que les nectars que Xavier a apportés depuis sa Bourgogne d’origine, et nous a offerts en dégustation, ont été accueillis avec enthousiasme.
Même enthousiasme pour le « Macvin » de Patrick, et le « Pontarlier » de Dominique, tous deux fournisseurs généreux également, dont ils nous ont plaisamment fait l’offrande en dégustation, pour honorer le Haut Doubs.
Et que dire du crémant d’Alsace et de la bière que les animateurs nous ont offerts, dont les fines bulles ont fait pétiller nos cerveaux d’idées joyeuses.
Il va sans dire que ces alcools ont été consommés avec la modération qui sied aux meilleures choses.
Quant à Thierry, son saucisson de biche et son filet de sanglier, tous deux délicieux, ont été dégustés avec gourmandise et sans modération.
Nos hôtes du Domaine des Graviers Mariette et Bernard nous ont gratifiés d’excellents repas, le petit-déjeuner et le dîner pris sur place, cependant que nous emportions dès le matin le pique-nique que nous prendrions au cours de la randonnée. Deux mentions spéciales du jury sont attribuées à la "flammekueche" du vendredi soir et son pinot noir, et à la choucroute du samedi, qui ont rencontré un vif succès.
Au cours de nos randonnées, la nature s’est magnifiquement dévoilée, sous une météo changeante. Le soleil souvent, la brume et la pluie quelquefois, ont coloré nos marches.
Et les nombreux et magnifiques champignons ont réveillé les passions de Jean, Patrick, Xavier, Ginette et Jean-Philippe notamment, ce dernier allant jusqu’à en oublier ses bâtons sur le lieu de la cueillette.
Grâce à Jean et à Thierry, les frottis de chevreuil sur les jeunes arbres, ou encore la différence entre les empreintes du sanglier et celles du cerf, n’ont plus de secret pour nous.
Beaux exemples d’animations improvisées, profitant de l’instant et des circonstances propices pour donner de la vie à la randonnée
Les seuls animaux que personne ne supportait, ce sont évidemment les tiques. Malgré de fréquents passages au milieu d’épais genêts, cherchant des chemins presque disparus sous la haute végétation, nous n’avons pas été confrontés à la piqûre de ces petites bêtes.
La forêt vosgienne réserve aussi des surprises.
Imaginez notre stupéfaction lorsqu’un énorme camion grumier rouge de marque SCANIA, piloté de main de maître, surgit le jeudi midi, au carrefour où nous étions arrêtés pour déjeuner.
Et la surprise fût encore plus amusante lorsque le vendredi matin, au moment même où nous démarrions notre parcours du jour, un autre ensemble grumier SCANIA identique, mais blanc cette fois, nous a rejoints pour opérer un chargement.
Les formateurs ont voulu s’en attribuer l’effet, arguant de leur capacité à organiser de telles animations peu ordinaires et inattendues…, mais évidemment, comme nous commencions à bien les connaitre, personne d’entre nous ne s’est laissé piéger par la plaisanterie.
Dans la journée, chacun a joué sa partition en harmonie :
- Dominique (garçon) a mis son chapeau de cow-boy
- Marjolaine s’est cachée dans sa plus belle écharpe
- Xavier s’est douché le premier depuis 6 heures du matin comme d’habitude
- Patricia s’active pour quatre
- Bernard se lèche encore les doigts du flammekueche au munster
- Patrick a perdu l’accent du Haut-Doubs et communique sans parole depuis qu’il a pris un azimut en tandem
- Jean-Philippe a remplacé ses bâtons de marche par un grand pied de champignon
- Thierry porte un double sac à dos pour faire bonne mesure et prendre le problème à bras le corps
- Ginette maîtrise sa boussole et a trouvé son nord
- Dominique a pris du galon en devenant marraine
- Et Marc est en retard et reste sourd aux remarques des uns et des autres
Quant aux animateurs, ils ont progressé avec nous en cours de chemin :
- Au début du stage, Hubert ne produisait que 60 consignes par minute. A la fin du stage, sous notre pression positive, il en était arrivé à 120 consignes claires, complètes et concises par minute.
- Adolphe est arrivé malheureusement avec les yeux rougis, et il repart avec les yeux qui pétillent, nous lui sommes reconnaissants d’avoir été parmi nous. Heureusement, son doigt sectionné n’était qu’un artifice pour l’exercice de premier secours, auquel il s’est malicieusement prêté. Nous avons cru comprendre qu’il aurait volontiers ajouté encore davantage de mercurochrome rouge pour pimenter la mise en scène.
- Jean a le téléobjectif bien organisé, et il a trouvé un responsable pour chaque logistique. Incollable sur les oiseaux et la nature en général, il nous par exemple appris l’existence des cigognes noires. Qui l’aurait cru, si ce n’était sorti de sa bouche ?
- Jean-Pierre a le souvenir qui s’emballe, et l’anecdote qui se déchaîne. Ces témoignages nous ont apporté à chaque fois des informations intéressantes.
Vendredi soir, nous étions condamnés à présenter un sketch centré sur la BARDANE, le nom retenu par la FSCF pour notre promotion de stagiaires. Ce fût un bon moment de joie communicative.
MESSAGES
Hubert, responsable de la formation, nous a fait passer au fil des jours de nombreux messages, qui sont autant de recommandations, conseils ou prescriptions pour faire de nous de bons animateurs de randonnée. Evidemment, chacun de nous n’en a retenu qu’une partie au départ. C’est avec détermination, mais avec patience et en douceur qu’Hubert et ses co-animateurs de la formation, ont repris chaque thème.
Successivement, chacun d’entre nous a joué le rôle d’animateur de randonnée sur un parcours différent, ou joué le rôle parfois ingrat mais également important de serre-file.
Ces mises en situation ont donné l’occasion aux formateurs de faire passer les messages en situation réelle, et à des moments appropriés, le message devenant ainsi plus percutant.
Cette formation sur le terrain a largement contribué à ce que les participants au stage intériorisent les bonnes pratiques de l’animation de randonnée pédestre.
Ces messages étaient également très structurés, délivrant au moins 80% des connaissances nécessaires pour répondre qualitativement au questionnaire de fin de semaine.
Potasser dans le recueil de formation qui était en possession de chaque participant, apportait un petit « plus » pour se sentir à l’aise dans cet exercice terminal. Certains d’entre nous n’ont été mis en possession de ce recueil que tardivement, seulement au début du stage, et se sont sentis handicapés de n’avoir pas eu davantage de temps pour s’y plonger. Ils ont vaillamment surmonté l’obstacle, fort heureusement.
VISITES OFFICIELLES
Ce fût un honneur de recevoir à dîner le mercredi soir M. LAMBERT, Directeur de Secteur de l’ONF. Le territoire dont il a la responsabilité s’étend sur 14.000 hectares, depuis le mont du Climont au Nord, jusqu’au col de la Schlucht au sud. Avec son équipe de 10 gardes-forestiers, il gère les domaines publics et communaux, sur l’emprise de 35 communes. Nous avons ainsi pu bénéficier de précieuses informations et commentaires sur la forêt, les arbres et la nature en général tout comme sur les objectifs et les contraintes de cette gestion. Retenons que la perspective temporelle d’un gestionnaire de forêt est plutôt le siècle que la décennie, et que le travail de l’ONF porte donc ses fruits à très long terme seulement.
A la même table s’est assis M. ANTOINE le Responsable des activités culturelles et touristiques de la commune de Plainfaing, dont la bonne volonté a permis que se tienne au stade de football le test de Demi-Cooper, et dans la médiathèque le contrôle de connaissances de fin de stage.
Notons en passant que les participants n’ont pas encore réussi à se remettre ni de l’une, ni de l’autre épreuve, administrées par les formateurs à des stagiaires sans défense. En passant, soulignons que, avant de nous lancer dans l’action, le coach Adolphe nous a mis en condition par une séance d’échauffement musculaire parfaitement adaptée. Ah, l’anticipation et la prévention, maîtres-mots également d’une bonne animation …
La visite le jeudi soir, du Président de la FSCF de la Région Grand Est Jean-Marie WINTZ, accompagné de Laetitia Bucard, organisateurs de la Formation au sein de la région Grand-Est, a permis de mieux connaître le fonctionnement de la Fédération, et de renforcer les liens très cordiaux que nous entretenions déjà. Nous les remercions vivement pour leur déplacement, qui représente un long trajet aller-retour en une seule soirée.
IMAGES
Nous garderons des images inoubliables de ces journées passées à crapahuter sur les sentiers caillouteux, à chercher notre chemin au milieu des genêts embroussaillés qui nous trempaient de gouttelettes de rosée, et à rire joyeusement de nos azimuts erronés en apprenant à les corriger.
Fort heureusement, pas moins de quatre photographes aux compétences affirmées, ont officié durant ces cinq journées animées : Jean, Adolphe, Marjolaine et Jean-Philippe, le pro de la bande, dont les ouvrages déjà publiés ont suscité un bel d’intérêt dans le groupe. Ils nous livreront bientôt leurs plus beaux clichés.
REMERCIEMENTS
Par moments, les formateurs se mettaient en retrait pour conspirer entre eux, ils se qualifiaient eux-mêmes d’électrons libres.
Et pour conclure ce compte-rendu par notre sentiment général sur cette formation et la qualité de ses formateurs, nous allons les contredire, car sauf erreur, les électrons sont chargés négativement, alors qu’eux le sont très positivement.
L’un des maître-mots de cette formation, prolongeant en cela l’AF1, c’est l’importance primordiale de la reconnaissance du terrain. Et finalement, nous avons aussi de la reconnaissance pour nos formateurs.
Qu’ils soient donc vivement remerciés pour leur engagement à nos côtés, visant toujours à nous faire progresser et à ce que nous réussissions ce stage.
ENCOURAGEMENTS
Notre co-équipière Dominique a accepté de se voir confier le rôle difficile de « Marraine » de la promotion bardane.
Elle fera vivre ce groupe dans le futur, pour faire en sorte que les liens amicaux tissés à Plainfaing entre nous, restent longtemps bien resserrés.
Qu’elle en soit elle aussi, d’avance, remerciée, et vivement encouragée dans cette voie
LE MOT DE LA FIN
Onze stagiaires le premier jour, onze nouveaux animateurs de randonnée le dernier jour, heureux.
Il n’a pas été nécessaire de faire usage du pourcentage de perte admissible, grâce aux formateurs bien sûr, et aussi par les capacités de résistance des « BARDANE », qui se sont accrochés pour réussir.
Ce compte rendu a été rédigé par Marc avec la contribution de ses collègues stagiares désormais tous des animateurs comblés et compétents !