Partie I : De la fin du XIXe siècle au début du XXe, les premiers changements.
Les tenues portées par les femmes pratiquant des activités sportives ont fortement évolué depuis les débuts du sport féminin. Les premières pratiquantes de sport encadré remontent à la fin du XIXe siècle. Exclusivement aristocrates, quelques noms sont restés tels que la duchesse d’Uzès ou la baronne de Rothschild, la pratique du sport par les femmes reste cantonnée aux classes sociales supérieures. Elles sont appelées les « femmes de sport ». Malgré les codes vestimentaires très stricts de l’époque, nombreuses sont les aristocrates à pratiquer le tir, le golf ou le tennis en pantalon et veste tailleurs. Mais seules les femmes issues de ces catégories sociales peuvent se permettre de s’habiller ainsi. Pour le reste de la société, lorsque la pratique sportive féminine se diffuse, leurs tenues doivent correspondre à la fois aux critères moraux de bienséance, interdisant les vêtements trop peu couvrants, tout en mettant en valeur la féminité de la sportive, son élégance, sa silhouette. La plupart devaient donc revêtir robes longues et corsets pour pouvoir pratiquer une activité sportive.
La pratique d’activités sportives par les aristocrates a toutefois permis une démocratisation/normalisation de la pratique du sport, et ce faisant, a participé à le transformer en loisir signifiant une situation financière confortable. La bourgeoisie s’en est alors rapidement emparée, et a, en quelques années, fortement massifié sa pratique. Cela est particulièrement visible avec le développement, au tournant du siècle, d’une nouvelle activité bourgeoise qui va bouleverser les tenues féminines, les bains de mer. Lorsque ces derniers gagnent en popularité et que se développent dans le même temps les stations balnéaires atlantiques et méditerranéennes, des familles bourgeoises entières se regroupent sur les plages. Se pose alors la question de la tenue de bain en public pour les femmes. Malgré les bains séparés entre hommes et femmes, la baignade en mer obligeait une exposition d’activités privées (le bain, le sport) dans le domaine public. Il fallait donc créer des nouveaux vêtements adaptés, et la première tenue conçue fut une longue tunique recouvrant une culotte arrivant aux genoux. Étant très peu pratique, elle est vite remplacée par le maillot de bain une pièce, ce dernier laissant apparaitre bras et jambes.
Au début du siècle, une partie des femmes refuse de porter les vêtements longs et couvrants peu adaptés aux activités sportives, et tentent d’introduire une nouvelle tenue : la culotte. A l’origine, elle est issue des revendications des cyclistes femmes qui ne veulent plus pratiquer en robe, puisque cette dernière entrave fortement les mouvements des jambes. La tenue est jugée particulièrement choquante par une grande partie de la société à l’époque, et sera critiquée dans la presse, elles sont surnommées les « femmes en culotte ». C’est à partir de là que la culotte deviendra un symbole des luttes féministes de la période. C’est d’ailleurs dans ce contexte spécifique que l’ordonnance du 7 novembre 1800 interdisant aux femmes de porter un pantalon est, pour la première fois, remise en question, avec la parution d’une circulaire de 1909 autorisant le port du pantalon pour les femmes « tenant par la main un guidon de bicyclette ».
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