Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la dépression est un trouble mental courant. On estime que 5 % des adultes en souffrent dans le monde.
Elle se caractérise par une tristesse persistante et un manque d’intérêt ou de plaisir pour des activités auparavant enrichissantes ou agréables. Elle peut également se traduire par un manque de sommeil et d’appétit. La fatigue et les difficultés de concentration sont fréquentes. La dépression est l’une des principales causes de handicap dans le monde et contribue grandement à la charge mondiale de morbidité. Les effets de la dépression peuvent être durables ou récurrents et peuvent affecter considérablement la capacité d’une personne à fonctionner et à vivre une vie enrichissante. La dépression est due à des interactions complexes entre des facteurs sociaux, psychologiques et biologiques. Des événements de la vie tels que l’adversité vécue pendant l’enfance, le deuil et le chômage la favorisent. Il existe des traitements psychologiques et pharmacologiques destinés à lutter contre la dépression.
Longtemps ignorés dans le milieu sportif, dans lequel un moral d’acier était la référence, les problèmes de dépression ont été mis à jour grâce à des témoignages de sportifs et sportives de renommée mondiale comme le nageur Ian Thorpe, la tenniswoman Naomi Osaka ou la gymnaste Simone Biles. Ces troubles sont en partie expliqués par les principes d'entraînement intensifs et de spécialisation précoce (10 ans d’entraînement ou 10 000 heures pour fabriquer un champion), principes favorisant entre autres un phénomène d’isolement social. La fédération rejette ces principes élitistes pour favoriser la non-spécialisation précoce à travers l’éveil de l’enfant et la multiactivité.
De nombreuses études scientifiques portant sur les effets des activités physiques et sportives (APS) sur la dépression ont montré les effets bénéfiques du sport sur celle-ci.
SPORTS = ANTIDÉPRESSEUR NATUREL
Le niveau de preuves des bénéfices des activités physiques et sportives pour la santé mentale est très élevé - Paquito Bernard1
Par exemple, les personnes actives sont moins anxieuses et stressées, présentent moins de risque de burn-out mais sont aussi plus productives avec une diminution de l’absentéisme au travail. Pour les enfants et adolescents, on note une diminution de l’anxiété et des troubles dépressifs avec une augmentation de l’estime de soi, du bien-être et une meilleure réussite scolaire. Chez la femme enceinte, il a été prouvé que pratiquer une APS diminue le risque de dépression et de baby-blues. Pour les personnes avec des maladies chroniques comme les cancers, les lombalgies ou les syndromes de fatigue chronique, pratiquer une APS diminue l’anxiété, les phénomènes dépressifs et les douleurs et est aussi efficace qu’une psychothérapie2. La pratique des APS permet également un sevrage tabagique aussi efficace que la nicotine.
Il a été montré que l’APS est aussi efficace pour traiter le trouble dépressif qu’un médicament. En outre, les personnes qui persistaient à faire de l’activité physique présentaient moins de risques de rechute3.
Pour le traitement des personnes souffrant de troubles anxieux et dépressifs, il existe maintenant des directives claires visant à proposer l’activité physique en première ligne, en combinaison avec la médication ou la psychothérapie (source : Université du Québec à Montréal).
La pratique d’activités physiques et sportives doit être maintenant considérée comme un élément de prévention important des troubles dépressifs mais aussi un atout indispensable en complément des autres traitements en cas de dépression avérée.
Ne vous prenez plus la tête, faites du sport !
1Professeur au département des sciences de l'activité physique, UQAM. Chercheur régulier, Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CRIUSMM)
2Bernard P, Romain AJ, Caudroit J, Chevance G, Carayol M, Gourlan M, Dancause, K, Moullec G. Cognitive Behavioral Therapy combined with physical exercise for depression, anxiety, fatigue and pain in adults with chronic diseases: systematic review and meta-analysis. Health Psychol. 2018 May; 37(5):433-450
3James A. Blumenthal, Michael A. Babyak & coll. Exercise and Pharmacotherapy in the Treatment of Major Depressive Disorder. Psychosom Med. 2007; 69(7): 587–596
Article issu du numéro 2586 de la revue officielle Les Jeunes, pour consulter le numéro en intégralité c'est par ici !