Un village olympique high-tech

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Implanté sur les communes de Saint-Denis, Saint-Ouen et l’Île-Saint-Denis, le village de Pleyel - Bords de seine - c’est son nom - a été imaginé à l’aune des valeurs et des impératifs sociétaux qui ont désormais cours.

Le village olympique a été construit pour les Jeux tout en se projetant en 2040. En effet, dans quinze ans, le climat qui régnera en Île-de-France sera assez proche de celui de… Séville, pointe Éric Monnin, Directeur du Centre d’études et de recherches olympiques universitaires (CEROU) au sein de l’Université de Franche-Comté.

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Que les bâtiments ont été érigés perpendiculairement à la Seine. Pourquoi ? Pour que, l’été venu, la fraîcheur du fleuve s’engouffre plus aisément dans les rues et fasse baisser la température de plusieurs degrés. Par ailleurs, les immeubles sont ceinturés par des plantations et des noues, ces mini-fossés qui servent à collecter les eaux pluviales. Là encore, pour qu’en cas d’envolées du thermomètre, l’évaporation rafraichisse l’air ambiant. De même, les habitations ne comporteront aucune climatisation. En effet, elles ont été conçues en respectant strictement les règles de la géothermie, laquelle consiste à garder la fraîcheur l’été et à en faire de même avec la chaleur l’hiver.

Le tout en exploitant au maximum les calories de la terre pour chauffer ces lieux de vie. Sans compter des revêtements extérieurs partiellement en bois. Quant aux trottoirs, ils sont recouverts, non pas de goudron, mais d’une matière à base de coquilles de coquillages, qui ont la propriété de s’imbiber d’eau quand il pleut et de la libérer lorsqu’il fait chaud. Enfin, la biodiversité est elle aussi à l’honneur, notamment avec des toitures sur lesquelles les insectes et les oiseaux pourront élire domicile, ou encore via la mise en place de clôtures perméables favorisant le passage de la petite faune.

FAVORISER LE VIVRE ENSEMBLE DANS UN ÉCOVILLAGE

La problématique était donc bien d’utiliser des matériaux naturels et sains pour favoriser le vivre ensemble dans un éco-village, résume Éric Monnin. Sachant que ce chantier s’inscrit dans une logique d’ensemble, puisque des établissements scolaires ont notamment été rénovés. Mais pas seulement, dans la mesure où la halle Maxwell, cette ancienne centrale électrique, a été réhabilitée et accueillera une partie des services du ministère de l’Intérieur au lendemain des Jeux. La culture n’est pas non plus absente. En effet, le village abrite déjà la Cité du cinéma fondée il y a plus de dix ans par le réalisateur Luc Besson. Les futurs résidents des quelque 3 000 logements, qui emménageront sur place après les JOP, poseront leurs valises dans un ensemble urbain diversifié, agréable et multifonctionnel, dans un environnement paysager qualifié, selon les mots du Comité d’organisation. Le tout ayant vocation à s’inscrire complètement dans la transformation du territoire de Seine-Saint-Denis. Y compris pour ce qui est des transports et des mobilités douces, dont la nouvelle passerelle qui rattache Saint-Denis à L'Île-Saint-Denis est une probante illustration architecturale. Elle permet en effet de désenclaver L'Île-Saint-Denis et s’inscrit, à ce titre, dans la philosophie qui sous-tend le projet : créer du lien.

Zaïnaba SaÏd-Anzum : Conseillère départementale de la seine-saint-denis déléguée au sport

"Tout cela va changer la vie des gens" 

Quelles retombées attendez-vous du chantier olympique en Seine-Saint-Denis ?

Le fait d’accueillir cette grande fête du sport est, évidemment, une opportunité. Une fois que l’on a dit ça, il faut rappeler que nous nous sommes attelés à la tâche pour nous assurer que cette fête se tiendra au bénéfice de Séquano-Dionysiens et qu’ils pourront en retirer un héritage. D’ailleurs, la question de l’héritage était présente dans l’acte de candidature de Paris 2024. Si Paris a été choisi par le CIO, c’est aussi en raison de la place accordée à cet aspect.

Concrètement, comment cela va-t-il se matérialiser ?

En Seine-Saint-Denis, bien avant la désignation de Paris, nous avions lancé un plan piscines, car nous sommes très déficitaires en équipements aquatiques. Il s'agit de rénover des piscines et d’en bâtir d’autres. En la matière, les JOP ont été un accélérateur, ce qui va nous aider, sur une partie du territoire, à sortir de cette carence. Cela va contribuer à faire baisser le nombre d’élèves de sixième qui ne savent pas nager. Par ailleurs, dans le cadre de la préparation des Jeux, de nombreux appels à projets, comme Impact 2024, ont été lancés.

Ce qui a permis non seulement de faire travailler ensemble des associations qui ne l’auraient sûrement pas fait de prime abord, mais également de voir émerger des actions innovantes, à l’image de celle du Boxing Beats d’Aubervilliers qui donne des cours de boxe à des femmes, en particulier victimes de violences, pour qu’elles retrouvent confiance en elles. Ces associations sont sorties de leur domaine de prédilection dans une démarche d’aller vers des publics en situation de fragilité.

Le handisport est-il aussi dans la boucle ?

Tout à fait. Nous avions lancé, à Bobigny, le chantier du Pôle de référence inclusif sportif métropolitain (Prism), qui sera le seul équipement parasportif d’Europe. Dans la perspective des JOP, nous avons profité d’un financement du COJOP pour achever sa construction afin qu’il puisse ouvrir ses portes avant les Jeux. Il sera d’ailleurs un site de préparation pour les délégations. Avec le CPSF, nous sommes dans une démarche visant à avoir des clubs de plus en plus inclusifs. En somme, les JOP, ce n’est pas seulement une question d’équipements. C’est également une dynamique afin de s’assurer que tous ces équipements seront bel et bien utilisés par des usagers.

Quid de l’habitat, des transports, en somme du développement territorial ?

Depuis l’épidémie de Covid-19, on constate une envie des citoyens de se mouvoir autrement, notamment en vélo de manière sécurisée. Les JOP ont été une incitation à accélérer la construction de pistes cyclables. Plus largement, on voit bien qu’ils ont un fort impact en matière d’aménagement du territoire.  Par exemple, à Dugny, il est prévu que le village des médias soit ensuite transformé en logements sociaux ou en accession sociale à la propriété. Si bien que la ville devrait passer de 10 000 à 15 000 habitants. Par ailleurs, grâce aux JOP, nous avons obtenu la dépollution d’un terrain qui jouxte le village des médias, adjoint au Parc Georges Valbon, lequel a été agrandi. Idem en ce qui concerne le village olympique, implanté sur les communes de Saint-Denis et de Saint-Ouen où l’on manque de logements. Tout cela va changer la vie des gens dans leur environnement.

En somme, les JOP sont une opportunité d’améliorer les choses. Ils ont fait office d’accélérateur pour changer de paradigme et se sont accompagnés d’une volonté politique en ce sens.

LE VILLAGE OLYMPIQUE, UN TOUT EN UN

Les chiffres disent beaucoup de ce modèle d’urbanisme à la fois inclusif et global.

En effet, le village olympique, ce sont :

  • plus de 2 800 nouveaux logements susceptibles d’accueillir 6 000 habitants ;
  • 1 résidence étudiante ;
  • 1 hôtel ;
  • 2 nouveaux groupes scolaires ;
  • 120 000 m. d’activités de bureaux et de services pouvant recevoir 6 000 salariés ;
  • 3 200 m. de commerces de proximité. ;
  • 6 hectares d’espaces verts, dont un parc public en plein coeur du quartier ;
  • des espaces végétalisés, réservés aux piétons et aux mobilités douces.

 

Article issu du journal Les Jeunes hors-série spécial Jeux olympiques et paralympiques disponible ici