Dans un entretien exclusif avec Christophe Lemaire, journaliste de renom, la fédération propose d'explorer les chances et les défis auxquels la délégation française fait face à l'approche des Jeux olympiques de Paris 2024.
Que pensez-vous de l’objectif de 80 médailles fixé par Emmanuel Macron pour nos sportifs olympiques ?
Entre propos hasardeux de politiques et déformations journalistiques, il y a eu quelques maladresses et contrevérités à ce propos. C’est Laura Flessel, l’ex-ministre des Sports, qui avait la première mentionnée cet objectif en 2017. La presse française en a évidemment fait écho, Laura Flessel a maintenu son propos et, depuis, ce nombre revient sur le devant de la scène. Pourtant, le seul cap fixé par le président et pour lequel le mouvement sportif est mobilisé, c’est celui du top 5 au tableau des médailles. Si les 80 médailles constituaient un objectif totalement fantaisiste et déplacé pour les sportifs eux-mêmes, le top 5 est quant à lui bien plus réaliste, même si les moyens déployés pour réussir peuvent être questionnés. En scrutant les éditions passées, on observe qu’il aurait fallu 20 titres à Tokyo, 17 à Rio et 13 à Londres pour remplir cette mission. La France devra faire beaucoup mieux que ce qu’elle a fait lors des trois dernières éditions, avec 11 titres en 2012, 10 titres en 2016 et 2020, et sans doute doubler son poids en or pour être dans les clous.
Quels sont vos pronostics pour la France au niveau du tableau des médailles ?
Il n’est pas facile de se projeter. En scrutant les derniers résultats dans les épreuves olympiques, on peut imaginer un scénario à plus de 50 médailles. Ce serait déjà exceptionnel puisqu’il s’agirait d’un record depuis les JO de 1900. En 2023, il y a eu 52 médailles et 13 champions du monde français dans des épreuves olympiques. Dans sa dernière projection, le baromètre Gracenote de Nielsen, acteur majeur dans la mesure de la data, misait sur 52 médailles à Paris… dont 27 titres ! L’avantage du terrain amplifiera les performances de certains Français, c’est sûr. Chaque pays hôte des JO en a bénéficié. Mais, à mon humble avis, notre délégation peinera à dépasser les 20 titres. Je présume qu’évoluer autour de ce nombre est néanmoins un objectif réaliste qui pourrait permettre d’approcher ce top 5.
Ainsi qu’à la placing table ?
Contrairement aux mondiaux d’athlétisme par exemple, il n’existe pas un tel classement aux JO. C’est dommage car, techniquement, il reflète bien mieux le niveau réel d’une nation sportive. Les autorités du sport français devraient s’efforcer de suivre cet indicateur afin d’accompagner chaque progression de sportif de haut niveau vers l’excellence : la participation aux JO, le top 8, le top 5, le podium, l’or.
Selon vous quelles sont nos meilleures chances de médailles françaises ?
Pour briguer le top 5 et glaner la cinquantaine de médailles nécessaires, il faudra compter sur les meilleures moissons du judo, de l’escrime, de la voile et de la natation. Le cyclisme, qui reste sur l’échec de Tokyo avec 2 breloques, est aussi attendu au tournant. Avec six médailles, les sports collectifs avaient
embelli le bilan très mitigé de Tokyo. Ils ne seront pas de trop pour apporter leur pierre à leur édifice. Individuellement, au regard de leur domination actuelle sur leur(s) épreuve(s), Léon Marchand (natation), Lauriane Nolot (kitesurf), Pauline Ferrand-Prévot (VTT), Romain Mahieu (BMX), Clarisse Agbégnénou et Teddy Riner (judo), sans oublier nos sélections de handball, s’avancent en très nets favoris.
Quelles pourraient être les surprises ?
Je miserais bien sur Lisa Barbelin (tir à l’arc), Océanne Muller (tir) ou Yanis Meziane (athlétisme)...
L’OEIL DE L’EXPERT :
Journaliste depuis une quinzaine d'années, Christophe Lemaire est plus spécifiquement spécialiste des réseaux sociaux depuis sept ans. Il a travaillé, durant la première partie de sa carrière dans le sport, au sein des rédactions des journaux Le Parisien et L'équipe, avec de fortes affinités pour l'actualité. de l'olympisme et des sports olympiques. Depuis 2019, il a pris un nouveau cap en travaillant au Luxembourg, où il est désormais journaliste pour Virgule, média francophone parmi les plus lus du pays, mais continue de suivre avec beaucoup d'attention l'univers des Jeux olympiques et paralympiques, notamment via son compte Twitter : @ch_lemaire.
Article issu du journal Les Jeunes hors-série spécial Jeux olympiques et paralympiques disponible ici