JOP 2024 : des Jeux paralympiques fastueux

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Le temps où le paralympisme était le parent pauvre de la fête tandis que les Jeux attiraient toute la lumière semble révolu. Le comité d'organisation de Paris 2024 a veillé à y remédier afin que l'édition 2024, qui se tiendra du 28 août au 8 septembre et qui accueillera six mille athlètes et officiels, augure une ère fondatrice.

Commençons par le commencement. À l’image de celle des Jeux olympiques, la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques s’annonce grandiose et novatrice. En effet, elle se déroulera pour la première fois en cœur de ville et donc hors stade. Elle débutera par une parade sur les Champs-Élysées, où défileront cent-quatre-vingt-quatre délégations originaires du monde entier. Point d’arrivée prévu : la place de la Concorde, où se tiendront les séquences protocolaires et artistiques.

CONTRIBUER À LA CONSTRUCTION D’UNE SOCIÉTÉ ET D’UN ESPACE PUBLIC PLUS INCLUSIF

Au-delà de ce décor inédit (…), cette cérémonie est un symbole fort de notre ambition de profiter de l’accueil des premiers Jeux paralympiques dans notre pays pour placer la question de l’inclusion des personnes en situation de handicap au cœur de la société, décrypte Tony Estanguet, Président de Paris 2024. On l’aura compris, il s’agit de faire changer pour de bon les mentalités, en générant un héritage durable et nécessaire, en faisant évoluer le regard sur le handicap et en contribuant, au-delà des Jeux, à la construction d’une société et d’un espace public plus inclusif, explique le Comité d’organisation. Lequel a voulu impulser une dynamique à la solde du développement de la pratique sportive pour tous (et) des pratiques sportives partagées. Quant aux lieux des compétitions, il s’est agi, tant pour des motifs logistiques que symboliques, de ne pas opérer de différence avec les Jeux olympiques. Si bien que pratiquement tous les sites seront identiques à ceux des JO. Tel sera le cas pour quinze des vingt-deux sports au programme.

Une égalité de traitement réaffirmée, qui porte ses fruits jusque sur le plan de la médiatisation, avec un nombre record de diffuseurs du monde entier qui couvriront les Jeux paralympiques. Sachant que ce seront les premiers de l’Histoire à être l’objet d’une diffusion en direct pour chacune des vingt-deux disciplines. Si bien que les recettes issues des droits médias ont d’ores et déjà augmenté de plus de 20 % par rapport à celles de Tokyo 2020.

UNE CLASSIFICATION BASÉE SUR L’IMPACT DE LA DÉFICIENCE SUR LA PERFORMANCE

On est bien loin du temps des Jeux de… Stoke Mandeville, au lendemain de la Guerre. En effet, le paralympisme vit le jour de manière embryonnaire, en 1948, à l’hôpital de Stoke Mandeville, situé au nord de Londres. Là, le neurologue… allemand Sir Ludwig Guttman eut l’idée de mettre au sport ses patients devenus tétraplégiques suite à des blessures au front. Et ce, pour qu’ils redéveloppent leurs habiletés motrices. Les deux premières activités au programme furent le handi-basket en fauteuil et le tir à l’arc. Les Jeux de Stoke Mandeville étaient nés, sur une périodicité annuelle, avec la participation croissante d’étrangers. Ce n’est qu’à partir de 1960, à Rome, qu’ils furent couplés aux Jeux olympiques avec de nouvelles spécialités comme le para-athlétisme, la para-natation ou encore l’escrime fauteuil. Depuis, les Jeux paralympiques se sont logiquement étoffés. Ils sont notamment ouverts aux athlètes souffrant d’un handicap mental, tandis que les sports paralympiques ont leur propre système de classification des handicaps basé sur l’impact de la déficience sur la performance afin de préserver l’équité entre ceux qui concourent.

Le saviez-vous

  • Le symbole des Jeux paralympiques n’est pas les anneaux, mais trois vagues dénommées agitos qui signifient "Je bouge" en latin. Tout un programme…
  • Pourquoi paralympique ? Parce que le préfixe para veut dire à côté en grec. Autrement dit, les Jeux paralympiques ont vocation à exister à côté des Jeux olympiques.

Sandrine Rabaud : Directrice Nationale adjointe de la Fédération Française Handisport en charge du développement

"Ouvrir le champs des possibles à tous"

Qu’attendez-vous des Jeux paralympiques en termes de développement des pratiques et d’évolution des mentalités ?

L’idée est que ces Jeux paralympiques initient des vocations chez des publics qui, jusque-là, se disaient que le sport n’était pas fait pour eux parce qu’ils sont atteints d’un handicap. L’objectif est que la visibilité des Jeux et des champions paralympiques ouvre le champ des possibles à tous au sein de notre société. Le but est de donner envie de pratiquer, mais également d’inciter des gens à devenir bénévoles et à s’engager en faveur du développement du sport paralympique. En somme, cet événement a vocation à être une belle vitrine, y compris pour ceux qui sont dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap.

Certes, mais comment faire ?

Je suis convaincue que l’équité, en termes de prise en considération de la performance et de visibilité dans les médias et sur les réseaux sociaux, qui prévaudra entre les champions olympiques et les champions paralympiques, fera prendre conscience à chacun que la pratique handisport est ouverte à tous. Il faut aussi espérer que ces Jeux inciteront les collectivités à la nécessité d’équiper leurs infrastructures sportives afin de les rendre accessibles à tout le monde. C’est là une obligation légale, laquelle n’est pas toujours respectée. Plus généralement, c’est aux collectivités de prendre la mesure de l’ensemble des freins à la pratique qui subsistent, notamment les transports.

Que va mettre en place la fédération à l’occasion des JOP 2024 ?

Rien de plus et rien de moins qu’avant les Jeux. D’abord parce que le développement est l’affaire de tous les jours et n’est pas spécifiquement lié à un événement. Néanmoins, la communication qui sera faite autour des Jeux et de nos champions va nous permettre de solliciter et de mobiliser davantage des publics qui, aujourd’hui, ne font pas partie de nos réseaux parce qu’ils ne sont pas pratiquants. Surtout, après les Jeux, nous veillerons à rendre encore plus visibles nos structures d’accueil à l’intention des gens qui se seront rendus compte qu’ils peuvent tout à fait avoir une activité physique. Ce sera à nous de les accompagner et de leur dire où ils peuvent pratiquer en toute sécurité, mais aussi avec quel matériel et dans quelles conditions sécurisées. En effet, l’handisport est encadré par des personnels diplômés. C’est ce qui forge notre expertise métier et notre valeur ajoutée tout autant que notre maillage territorial. Enfin, nous allons poursuivre notre collaboration avec les établissements médico-sociaux et les associations telles que APF France Handicap, afin de véritablement aller chercher les gens et de leur proposer des activités. Y compris certaines auxquelles ils ne s’attendaient pas, voire dont ils ne connaissaient pas l’existence, comme la boccia ou le cécifoot.

Article issu du journal Les Jeunes disponible ici