Pour les amoureux d’histoire, la FSCF s’est replongée dans ses archives et a souhaité marquer le coup en faisant revivre un texte du Docteur Paul Michaux, Président fondateur de la fédération, publié dans Les Jeunes en novembre 1914.
« Plus de trois mois déjà se sont écoulés depuis que l’heure terrible a sonné pour tous les pays de la vieille Europe, depuis que le grand jour prévu depuis si longtemps s’est levé sur la terre de France.
Pour faire face à l’ennemi barbare, les Jeunes des Patronages de France se sont levés ; au premier appel de la Patrie, ils ont accouru plein de force et de vaillance ; ils étaient prêts. Dans cet instant, rien d’autre ne pouvait être fait. Il fallait un acte ; les Jeunes se sont chargés de le faire ; courageusement, vaillamment ils ont répondu à l’appel de la France. Cet acte valait mieux que toutes les paroles : nous avons cru de notre devoir de laisser à cet acte toute sa valeur sans essayer d’en souligner l’importance par un article ou une pensée quelconque.
Mais nous étions sans cesse de coeur avec nos chers camarades, en union étroite de pensées et de prières. Sans cesse nous les suivions sur les champs de bataille, dans les tranchées ; sans cesse nous demandions pour eux la force et la vaillance nécessaires. Ce devoir affectueux, fraternel, ceux d’entre nous que leur âge retient loin des champs de bataille, continueront à le remplir avec plus de ferveur que jamais. Mais vis-à-vis de notre chère France, d’autres devoirs s’imposent à notre activité. Nous n’y manquerons pas. Pendant 15 à 16 ans, nous avions prévu l’échéance redoutable ; nous avons tout fait pour nous y préparer.
Nous sommes heureux et fiers de penser que notre travail de seize années n’a pas été perdu, et que nous pouvons estimer sans craindre de forcer les chiffres, à plus de 50 000 le nombre des Jeunes des Patronages présents à ce jour sous les drapeaux de la France. Nous savons que partout sur la ligne de feu, nos jeunes donnent l’exemple du courage, de l’abnégation, du sacrifice, de l’héroïsme. Nous n’attendions pas moins de notre belle et vaillante Jeunesse.
L’heure n’est pas encore venue d’ouvrir le livre d’or de leur vaillance : par ordre, nous ne devons rien dire, ou du moins nous ne pouvons donner aucun détail. Mais nous savons déjà que nous pouvons être fiers de nos vaillants soldats.
Un devoir nouveau s’impose à nous aujourd’hui ; il faut nous remettre à l’ouvrage, pour préparer les jeunes classes 1915-1916-1917.
Il nous faut à tout prix rester en contact avec les Jeunes qui montent ; il nous faut continuer cette merveilleuse formation morale, physique et religieuse qui assurera seule la victoire finale, en donnant à nos armes cette supériorité de l’impondérable qui fournit à l’instant voulu la décision vainement cherchée jusque là. Il nous faut à tout prix reprendre notre mouvement pour maintenir la vie dans ces merveilleuses organisations de Jeunesse qui s’appellent les Patronages de France, où on apprend à aimer son Dieu en même temps qu’à servir sa Patrie ; où on apprend à fortifier ses membres en même temps qu’à tremper son âme ; où tout est dirigé en vue d’une formation virile vraiment complète et d’une formation religieuse, dont la nécessité n’est force qu’elle ne se montre maintenant.
Le voilà bien dans toute sa plénitude, le devoir d’aujourd’hui, le devoir de demain : Préparer le présent, Préparer l’avenir. Pour cette tâche capitale, aucune oeuvre n’est mieux qualifiée, aucune oeuvre ne s’impose avec plus d’urgence que l’œuvre des Patronages, et dans les Patronages, la formation physique et morale, merveilleusement assurée par la F.G.S.P.F.
Nous avons tous au coeur l’espérance, que dis-je, la certitude de la victoire finale. Mais, à ce moment, que de ruines morales et matérielles il faudra réparer, que d’efforts seront nécessaires pour préparer la régénération nécessaire !
Ces efforts qui vont assurer la vie de la France d’aujourd’hui et l’avenir de la France de demain, c’est maintenant qu’il faut les réaliser. De notre énergie, de notre activité, dépendront les résultats à venir. Quelque pénible que soient à cette heure les efforts et les sacrifices, il faut à tout prix les réaliser.
Combien de jeunes gens sur toute l’étendue du territoire sont en ce moment abandonnés à eux-mêmes qui ne demanderaient pas mieux que de se mettre au travail, et de se préparer au grand devoir patriotique et militaire qui vont demain les appeler au service de la France. Beaucoup d’entre eux, les meilleurs, n’attendent qu’un mot, qu’une sollicitation pour venir grossir nos rangs. Dés qu’ils auront pris place parmi nous, ils seront bien vite conquis par cet esprit familial, par cette amitié fraternelle, par cette discipline librement acceptée, par la variété de nos programmes.
Jamais moment ne fut plus propice pour faire comprendre toute la beauté, toute la grandeur, toute la générosité qui animent de leur souffle ces foyers d’amitié chrétienne que sont les Patronages de France. Pour cela, que faut-il ? Reconstituer, rouvrir nos oeuvres de Patronage, reprendre nos programmes de sports, d’athlétisme, de gymnastique.
Cette oeuvre est celle des plus âgés de nos camarades : à eux de remplacer les directeurs et moniteurs partis au front, de réorganiser nos sections sportives nos sociétés de gymnastique. Pour vous aider tous, directeurs, moniteurs, jeunes gens, nous mettons à votre disposition notre organisation et nos programmes. Pour faire vivre l’oeuvre commune, il faut dans ces temps difficiles réaliser des efforts héroïques, s’imposer de rudes sacrifices, mais plus nous nous seront donnés de mal, plus les résultats seront grands.
Si vos chefs ne sont pas à votre tête, remplacez-les vous mêmes ; aucune oeuvre ne sera meilleure et plus utile, aucune ne sera plus méritoire pour nos chers soldats, aucune ne sera plus utile pour le salut de notre France bien-aimée. »
Docteur Paul Michaux