La petite sœur de la fédération : le Rayon sportif féminin (RSF)
La guerre est terminée, l’Europe se remet péniblement de ce traumatisme, la FGSPF reprend son fonctionnement habituel tenant de nouveau en novembre 1919 son congrès fédéral après six ans d’interruption. Les garçons retournent sur les terrains de sport… Et les filles y accèdent. En 1919, les filles de la Charité initient le mouvement du Rayon Sportif Féminin (RSF) et font appel à la FGSPF pour obtenir un moniteur d’éducation physique. C’est Félix Mathey, champion fédéral d’athlétisme, qui devient directeur technique du RSF. Le succès va croissant et on dénombre 80 sociétés lorsque le RSF se dote d’un drapeau fédéral, béni par le chanoine Pasteau à l’occasion du concours d'Ivry de 1931.
Le RSF commence à retenir l’intérêt des pouvoirs publics. Lors du festival de 1936, devant de nombreuses sociétés venues de la province, le ministre de la Santé publique lui-même remercie les filles de la Charité au nom de la France. La collaboration avec la FGSPF est alors très étroite dans les trois commissions techniques (éducation physique, jeux et sports et celle de l’enseignement libre qui assure la formation initiale et continue des cadres scolaires), de nombreux moniteurs siégeant dans l’une ou l'autre. La direction se calque sur celle de la FGSPF : comité central et comité technique à Paris, comités diocésains en province. Le RSF publie également sa revue, pendant féminin du journal Les Jeunes : le 15 octobre 1937 paraît le premier numéro du journal Le rayon sportif féminin.
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement ne compte pas moins de 60 000 licenciées réparties dans 650 sociétés. Paris, Lyon et Bordeaux sont bien représentés et le basket-ball connaît une expansion remarquable : 40 équipes recensées en 1937 pour la seule région parisienne. Les filles n'ont cependant droit qu'aux sports collectifs : gymnastique en sections, basketball et athlétisme, mais uniquement triathlon par équipe.
Le temps des grands concours
L’entre-deux guerres est également une période marquée par l’organisation d’évènements grandioses : à Strasbourg en 1921 (266 associations, 18 000 gymnastes et musiciens), à Nice en 1932 (422 associations, 19 000 gymnastes et musiciens). De grands déplacements sont organisés à l’étranger : Liège et Maribor en 1920, Brno en 1922, Prague en 1929, Anvers en 1930, Vienne en 1936, Liège en 1939. Mais surtout Alger le 14 juin 1930 pour célébrer le centenaire du débarquement de Sidi-Ferruch avec 70 associations, 3 500 gymnastes et musiciens venus de tout l‘hexagone sur 3 paquebots. Enfin les 10 et 11 juillet 1937, pour l’exposition universelle, la fédération regroupe à Paris 900 associations, 33 000 gymnastes et musiciens.
Le 20 mars 1921, le maréchal Foch remet la Légion d'honneur au docteur Michaux pour services distingués, éminents, et particulièrement dévoués […] rendus […] à la jeunesse. La FGSPF, agréée l’année suivante, fête son 25ème anniversaire le 23 juillet 1923 en réunissant 28 000 gymnastes et musiciens issus de 600 associations. En dépit du décès de Paul Michaux, remplacé par François Hébrard en novembre 1923, c’est le départ d’une ère particulièrement faste. Première fédération sportive française par le nombre d’adhérents, elle participe largement au développement du football et du basket-ball. Admise en 1928 au comité national des sports, elle assume ce statut en initiant quelques grandes innovations de l’entre-deux-guerres :
- Le brevet fédéral d’éducation physique (1935) remplacé l’année suivante par le brevet sportif populaire de Léo Lagrange.
- Les brevets du footballeur et du basketteur-athlète.
Faute de statistiques ministérielles, les effectifs sont alors difficiles à cerner et la meilleure approche de la vitalité de la fédération et du nombre de ses membres actifs reste le relevé des participants aux concours annuels. Pour la seule gymnastique, on dénombre, en 1938, 120 000 participants pour 287 concours, plus 45 compétitions régionales de basket, 44 de football et 36 d’athlétisme.
La FGSPF face aux ordonnances de Vichy
Une nouvelle fois, la géopolitique européenne va bouleverser le cours tranquille de la fédération. Le 4 octobre 1940, une ordonnance du régime de Vichy oblige chaque fédération féminine à se rattacher à une fédération masculine. L’Église se trouve contrainte de reconnaître une mixité qu’elle a toujours réprouvée et le RSF s’intègre à la FGSPF sous réserve du maintien de l’indépendance de sa direction technique. L’occupation de la moitié de la France oblige la FGSPF à se scinder en deux. Le secrétaire général, Armand Thibaudeau, reste à Paris en zone occupée. Il délègue l’Union régionale lyonnaise, siège de la zone libre, à un cadre du RSF, Eugénie Duisit, qui passe plus tard en Algérie pour rejoindre l’armée de la France libre et s'illustre dans la campagne d'Italie. Le 24 octobre 1942, la FGSPF est obligée d’adopter le sigle d’Union gymnique et sportive des patronages de France (UGSPF) imposé par les pouvoirs publics.
Les patronages parisiens participent activement à la Libération avec les Jeunes chrétiens combattants (JCC), puis la fédération reprend son ancien sigle qui n’avait en fait jamais disparu de ses documents internes : il ne fallait pas gâcher le papier, n’est-ce pas ?
Les activités fédérales apparues sous la FGSPF
- Basket-ball : le 10 avril 1921, le Club Sportif de Plaisance est sacré vainqueur, au classement par points, d’une courte saison de basket. Il faudra attendre le 7 mai 1922 pour qu’une finale fédérale ait lieu, couronnant cette fois la Sportive d’Ivry-Port.
- Ski : en 1936 à lieu le premier concours fédéral, au Mont-Revard.
- Tennis : en 1936 également, les Enfants de Bergerac remportent le championnat face à l’E.S Raincy… forfait ! Il faudra attendre 1947 pour qu’ait lieu la Coupe fédérale.
- Tennis de table : en 1947, le Drapeau de Fougères remporte la première Coupe fédérale de ce que l’on appelait encore le ping-pong.